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    Naissance : 1883
    Décès : 1966
     
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    Pierre Palau
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    Pierre PALAU

    Premier prix du Conservatoire en 1905, Pierre Palau connaîtra le succès dans les revues de Rip, au Grand-Guignol ou au théâtre du Palais Royal et créera, entre autres, plusieurs pièces de Tristan Bernard. Poète et dramaturge à ses heures, Palau présente en 1921 au Théâtre des Deux Masques « Les détraquées ». Le scandale est énorme car l’œuvre - pour laquelle le titre « Les vicieuses » avait été suggéré - met en scène une directrice de pensionnat lesbienne et morphinomane. La critique bien-pensante se déchaîne mais les surréalistes saluent la nouveauté de la pièce. André Breton évoquera « l’admiration sans bornes » que lui inspire la pièce dans son roman « Nadja ». Le compliment ne pouvait que réjouir l’auteur de « L’énigmatique disparition de James Butler ». Soucieux de brouiller les cartes, Palau s’ingénie lui aussi à disparaître derrière les pseudonymes les plus divers lorsqu’il participe à l’écriture de scénarios ou aux décors de films, qu’il se nomme alors Frédéric Brunet ou - variation sur son nom de famille d’origine catalane - Brunet Pous i Palau !

    Débutant au cinéma dès 1909, il ne tournera qu’une poignée de films muets, dont « Rigadin ressemble au Ministre » (1913) de Georges Monca et « Le duel de Max » (1914) aux côtés de Max Linder. Il faut attendre 1931 – il a près de 50 ans – pour qu’il entame sur les écrans un parcours d’une centaine de films qui le mènera sans répit jusqu’à l’année de sa disparition. A raison parfois de quatre ou cinq films par an, il n’aura pas de mal à imposer une silhouette vite repérable : petit homme volubile, au crâne lisse et au pas pressé, il compose avec art chacune de ses apparitions. Son rôle de référence reste le diable en costume trois-pièces et chapeau melon du beau film fantastique de Maurice Tourneur, « La main du Diable » (1942), où son sourire onctueux et son amabilité apparente finissent par avoir raison de la santé mentale du pauvre Fresnay. En 1955, Claude Autant-Lara lui attribue cette fois le rôle du vieux Docteur Faust face à Méphisto dans « Marguerite de la Nuit » mais l’œuvre, certes ambitieuse, est bancale et ne connaît pas le même succès.  

    Il faut voir comme il anime de simples silhouettes dans quelques uns des films les plus marquants de la période : il sera gouverneur du Château d’If dans « Le Comte de Monte Cristo » (1942), régisseur du Théâtre des Funambules dans « Les Enfants du Paradis » (1944), voisin mal intentionné condamnant les amoureux qui ont « Le diable au corps » (1946), juge en goguette dans « Le Plaisir » (1951) ou vieux domestique dans « Les grandes manœuvres » (1955). Avec une minute de présence dans « Le Corbeau » (1943), il s’impose en une réplique : « Grandeur et servitude postales ! », la devise du receveur des Postes, qui ne l’empêche pas de subtiliser au nez et à la barbe de ses employés une lettre anonyme destinée à son épouse. De très bons cinéastes amateurs de seconds rôles savoureux l’emploient à plusieurs reprises, en particulier Pierre Chenal, René Clair, Duvivier ou Christian-Jaque. Dans « Jéricho » (1945), il ajoute à sa palette un savoureux accent germanique en chef de gare dépassé par les événements.    

    On aime lui attribuer les rôles de bons bourgeois sûrs de leurs principes et soucieux de leurs intérêts : embarqué dans la diligence de « Boule de Suif » (1945), il campe Carré-Lamadon, le « bon patriote » qui fuit lâchement l’arrivée des Prussiens. Dans « La ferme aux loups » (1943), juge d’instruction un peu trop sûr de lui, il est ridiculisé par François Périer en détective amateur. L’hypocrisie ne lui fait pas peur, et sa politesse sera bien souvent une façade : le Duc arrêté par la police au début de « Carrefour » (1938) n’est qu’un minable maître-chanteur et le Chevalier Titus de « L’homme de nulle part » (1936) un joueur invétéré ; photographe douteux de « Gibier de Potence » (1951), il vend aux femmes esseulées des clichés de Georges Marchal en tenue d’Adam. Déjà, dans la première version de « Knock » (1933), il était le Docteur Parpalaid bien décidé à arnaquer le jeune médecin dont il ne se méfie pas (c’était pourtant Jouvet qui l’incarnait !).

    Inquiétant banquier dans « La dame de pique » (1937), Palau se transforme régulièrement en personnage malicieux : l’avocat très sérieux de « Florence est folle » (1944) court volontiers les boîtes de nuit ; le juge d’instruction de « La ferme des sept péchés » (1948) a le sourire en coin comme le directeur de la maison Nuptia dans « Agence matrimoniale » (1951), le conseiller bavard et gourmand de « L’affaire Maurizius » (1954) ou le vieux monsieur que croise Gérard Philipe à toutes les époques dans « Les Belles de Nuit » (1952). Dans « La charrette fantôme » (1939) de Duvivier, il mène la fanfare de l’Armée du Salut avec plus de malice que de componction mais à l’impossible nul n’est tenu : sergent dans la sinistre prison de « La danse de mort » (1947), il ne parviendra pas à dérider Erich von Stroheim ! A contrario, le générique de « Messieurs Ludovic » (1945) l’annonce, petit homme vêtu de noir, dans le rôle d’un domestique triste. C’est aussi son rôle dans « Nana » (1955) où il joue, en vain, la conscience d’un comte Muffat tenté par le démon de midi. L’humour l’emporte lorsqu’il s’amuse dans « Mitsou » (1956) à figurer un Napoléon ou un Clémenceau de music-hall.

    A la télévision, on le découvre en capucin auprès de Daniel Sorano alias « Cyrano de Bergerac » (1960) ou en vieux moujik dans « La fille du Capitaine » (1962). Au début du fameux « Belphégor » (1965), il présente au jeune Yves Rénier une collection insolite de boîtes de conserve où il range soigneusement les coupures de presse les plus étranges. Après avoir figuré en Duc de Saint-Simon dans « Les amours célèbres » (1961), il clôt en beauté sa carrière cinématographique grâce à Philippe de Broca : certes, « Le farceur » (1960) désigne Jean-Pierre Cassel mais il a de qui tenir car son oncle Théodose est un vieil original qui peut tout aussi bien mimer la mort de Louis XIV ou de Socrate que danser la gigue avec ses neveux ; plus surprenant encore, dans « Le roi de cœur » (1965), Palau s’échappe d’un asile d’aliénés costumé en bambin des années folles, à 80 ans bien sonnés ! Ce sera son dernier film, sorti peu avant sa mort survenue le 3 décembre 1966 à Meudon.

    Jean-Paul Briant

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