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Didier Haudepin et Francis Lacombrade
Dominique Diamant et Louis Seigner
Dominique Maurin et Francis Lacombrade
Francis Lacombrade Francois Leccia Gerard Chambre
Louis Seigner et Didier Haudepin
Lucien Nat et Francis Lacombrade
Michel Bouquet et Didier Haudepin
Francis Lacombrade Georges de Sarre Didier Haudepin Alexandre Motier Dominique Diamant Maurice Motier, son frère aîné François Leccia Lucien Rouvère Gérard Chambre André Ferron, ami intime de Lucien Dominique Maurin Marc de Blajan Lucien Nat Le Père supérieur Louis Seigner Le Père Lauzon Michel Bouquet Le Père de Trennes Bernard Musson Un père abbé Henri Coutet L'employé de l'institution Colette Régis La religieuse Les petits chanteurs de Vincennes
"Les amitiés particulières" est une oeuvre réalisée par Jean Delannoy, d'après le roman éponyme de Roger Peyrefitte paru en 1943 et dont l'action se situe vers 1920.
Le sujet de cet opus traite des relations affectueuses, passionnées, voire violentes et pures en même temps, des lycéens internes d'une institution catholique. Pas de mixité, la seule femme de l'histoire étant une religieuse.
Jean Delannoy réussit le pari de respecter le roman tout en ne tombant jamais dans le voyeurisme, ni dans un climat graveleux. Du très bon cinéma ..., Il nous offre une réalisation soignée et nous restitue cette ambiance lourde de l'internat.
Aidé en cela par les interprétations remarquables de Louis Seigner, Lucien Nat et Michel Bouquet qui incarne le trouble Père de Trennes, il nous relate la relation fusionnelle mais néanmoins platonique de Lucien (François Leccia) et d'André Ferron (Gérard Chambre), ces deux adolescents se retrouvant de temps en temps dans la chambre du Père de Trennes, pour déguster une liqueur et fumer.
Un nouvel arrivant, Georges de Sarre (Francis Lacombrade pour son 1er rôle) s'aperçoit de cette relation, confirmée par les dires d'un autre élève Marc de Blajan (Dominique Maurin) et Georges, perturbé, dénonce les faits. André quitte l'institution et Lucien est désespéré. Puis c'est le tour du Père de Trennes, lui aussi dénoncé de quitter son poste.
Georges est entre le bien et le mal, les purs et les impurs ! Il a 15 ans... Lors d'un office, il croise le regard du petit Alexandre (Didier Haudepin) et est tout de suite attiré par l'enfant de 12 ans. Il l'aborde et le garçonnet d'abord flatté et admirati, va s'attacher à lui de façon passionnée, lui écrivant des poèmes enflammés. Georges lui aussi s'attache à l'enfant qu'il retrouve en cachette, mais toujours platoniquement, du moins pour le moment.
Les deux jeunes vivent un véritable amour pur. Le Père Lauzon (Louis Seigner) prend conscience des faits et s'en inquiète. Maladroitement sans doute, il oblige Georges à interrompre cette relation. Le jeune Alexandre qui ne voit pas le mal ne s'en remettra pas et sautera du train qui le ramène chez lui. Un vrai drame. Le Père Lauzon culpabilisera toute sa vie.
Ce film fait réfléchir sur la fragilité et en même temps la force et l'intensité des amours entre jeunes enfants. Ici est abordée l'homosexualité, présentée comme "le mal" et qui provoque le geste fatal du petit Alexandre.
L'attitude très ambigüe du Père de Trennes est traitée très discrètement, trop peut-être.
Le film serait-il vu et apprécié de la même manière aujourd'hui ? Déjà la mixité existe, ce qui assure un équilibre. Mais l'enfance est à juste titre davantage protégée.
Le jeune Francis Combrade était, à l'époque où il a été repéré pour être Georges de Sarre, danseur à l'opéra de Paris. Quant au jeune Didier Haudepin, il était un habitué, avec sa jeune soeur Sabine, du théâtre de la jeunesse de Claude Santelli.
Signalons enfin que c'est sur le tournage de ce film que Roger Peyrefitte, l'auteur, va rencontrer le tout jeune Alain-Philippe Malagnac âgé de 12 ans et demi, figurant, et dont il va tomber amoureux fou au point d'en faire son compagnon.
Là, de nos jours, cela ne passerait pas ! ... A méditer...
Donatienne Roby, Décembre 2020
N'en déplaise aux âmes avides de tumulte, le scandale n'est pas arrivé. En passant à l'écran, « Les Amitiés particulières » ne dégagent pas l'odeur de soufre que craignait François Mauriac, Roger Peyrefitte a trouvé en son metteur en scène, Jean Delannoy, un zélateur de stricte obédience, doublé d'un moraliste rigoureux. Le cadre sévère et noble de l'abbaye de Royaumont exhausse et épure les passions. La photographie de Christian Matras les nimbe d'une lumière spirituelle. L'adaptation et les dialogues d'Aurenche et Bost gardent du roman sa haute tenue littéraire, refusant les abandons et les orages redoutés. Dès lors, si le censeur ne trouve rien à reprendre, qu'en sera-t-il du critique ? « Il ne faut pas laisser les enfants jouer avec les allumettes », semble-t-on nous murmurer. Saluons le courage de Jean Delannoy, qui tisse lentement sa trame cinématographique autour de deux adolescents dont l'entière amitié se transforme — j'allais écrire se déna ture — en un total amour. Le film, comme le roman, mériterait en exergue ces vers de Baudelaire : Mais le vert paradis des iamours enfantines, Mais le vert paradis plein ide plaisirs furtifs Est-il déjà plus loin qu- l'Inde et que la Chine... Car, tout respire, ici, la nostalgie de ces purs états ou le trouble de jeunes adolescents est décanté et sublimé sans cesse. Hélas, Francis Lacombradc a dix- sept ans, tandis que, dans le roman, Georges de Sarre en a quinze. Les regards qu'il porte sur l'adorable Didier Haudepin créent parfois le malaise, risquent à tout moment de faire basculer l'œuvre, mais peut-être une certaine gêne est-elle nécessaire. L'action se passe durant les années 20 dans un collège religieux, et les bons pères regardent avec terreur s'échafauder les intrigues de ces jeunes garçons. La discipline d'un rigorisme absolu ne peut qu'échauffer les esprits. Enfin, les adolescents sont en plein romantisme : les rendez-vous secrets ont lieu dans une serre. Ils fument en cachette, s'écrivent des vers, font l'échange du sang, imaginent d'impossibles et merveilleuses évasions. La menace que fait peser sur eux la discipline jésuite ne peut que stimuler leur ardeur, leur défi. Sans doute, le film porte-t-il la marque de l'époque qu'il veut dépeindre. Aujourd'hui, les séides de Johnny Hallyday emploieraient des termes plus vigoureux pour sceller leur amitié. Les méthodes d'éducation religieuse se sont assouplies, allégées. L'écran limite ainsi la portée de ces amitiés particulières. De plus, la magie du style écrit ne passe pas toujours dans les images. Si la rigueur garde ses droits, la poésie demeure par trop formelle. Reste, cependant, un film des plus honorables, d'une parfaite cohésion et d'une scrupuleuse honnêteté. La distribution est de qualité. Louis Seigner donne son honnêteté bourrue et sa maladresse au père Lauzon. Michel Bouquet dessine très justement les contours inquiétants de l'ambigu père de Trennes. Et l'on se souviendra longtemps du visage de Didier Haudepin portant l'agneau à l'autel, auréolé de la grâce à jamais préservée de l'enfance.