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Le journal d'une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Le journal d une femme de chambre
Jeanne Moreau Céléstine Georges Géret Joseph Michel Piccoli M Monteil Françoise Lugagne Mme Monteil Jean Ozenne M Rabour Daniel Ivernel M Mauger Gilberte Géniat Rose Bernard Musson Le sacristain Jean-Claude Carrière Le curé Dominique Sauvage Claire Muni Marianne Claude Jaeger Le juge Madeleine Damien Geymond Vital Jean Franval Marcel Rouzé Jeanne Pérez Andrée Tainsy Françoise Bertin Pierre Collet Aline Bertrand Joëlle Bernard Michel Dacquid Marcel Le Floch Marc Eyraud Le secrétaire du commissaire Gabriel Gobin Marguerite Bour Dominique Zardi Le policier
Résumé : Dans les années 1930, Célestine, une femme de chambre de 32 ans, arrive de Paris pour entrer au service d'une famille de notables résidant au Prieuré, leur vaste domaine provincial. La maîtresse de maison, hautaine et dédaigneuse avec sa domesticité, est une puritaine frigide, maniaque du rangement et obsédée par la propreté. Célestine doit affronter les avances du mari sexuellement frustré, et elle gère avec toute la sérénité possible le fétichisme étrange du patriarche, un ancien cordonnier qui lui demande fréquemment de porter des bottines qu'il tient jalousement enfermées dans un placard.
Malgré sa répugnance, Célestine est contrainte de côtoyer Joseph, le palefrenier de ses patrons, un rustre aux tendances sadiques, raciste et activiste d'extrême droite1 qui a des vues sur elle, l'associant à son projet de s'établir bistrotier. Claire, une petite fille pour laquelle Célestine s'est prise d'affection est violée et assassinée. Célestine est persuadée de la culpabilité de Joseph et feint d'accepter de devenir sa femme pour obtenir ses aveux. Devant son mutisme, elle fabrique de faux indices pour le confondre, tout cela en pure perte, car il est finalement innocenté et s'en ira ouvrir son bistro avec une autre femme.
Parallèlement, Célestine a entrepris de se faire épouser par un voisin de ses patrons, l'ex-capitaine Mauger, un retraité aisé, autoritaire et tonitruant qu'elle domine cependant en exerçant subtilement son pouvoir de séduction. Elle l'asservira une fois devenue sa femme.
Critique de l'époque :
C'EST un film dont on sort fort déconcerté. Du roman au vitriol d'Octave Mirbeau, on croyait deviner quels morceaux séduiraient Bunuel. J'étais certaine, pour ma part, qu'il ne manquerait pas d'exploiter, dans le détail, l'expérience de Célestine auprès du bel adolescent phtisique auquel une grand-mère gâteau l'a offerte, elle, la jolie femme de chambre, comme un pot de confitures très convoité. Il n'en est rien. Au roman d'Octave Mirbeau, Luis Bunuel a fait subir un sort assez voisin de celui qu'il avait réservé aux « Hauts de Hurlevent ». Il a isolé l'un des épisodes du pseudo-journal de Célestine, l'a transposé dans le temps et lui a imprimé sa griffe puissante. Hormis le titre et le regard cruel, lucide, décapant qu'une fille déliée et délurée porte sur les bourgeois, ses patrons, et sur les domestiques, ses semblables, il ne reste rien de Mirbeau dans le film, tout est de Bunuel. D'abord l'époque : de la fin du XIXe siècle, Bunuel transporte le journal aux environs de 1930. « L'Action française », les camelots du roi, le préfet Chiappe sont de belles cibles pour lui. Il ne les rate pas, les ridiculisant à grands coups d'humour. Toutefois, il sait parfaitement que le ridicule ne tue pas et c'est avec une sorte de délectation amère qu'il nous montre Joseph, le charretier-camelot du roi, s'assurer l'impunité après un viol et un meurtre. Pour l'épilogue, Joseph ouvrira une boite à matelots à Cherbourg et il deviendra le meilleur des indicateurs, un vrai petit Ruby...
D'ailleurs, tout, dans le film, relève des obsessions de Bunuel : la saignée de l'oie, le viol du Petit Chaperon rouge, les rapports conjugaux des patrons de Célestine, le coup d'oeil jeté dans le cabinet de toilette de Madame. Ce qui cause notre déception, il faut bien l'avouer, c'est que, cette fois-ci, il semble s'y être laissé aller, assez complaisamment, comme à des tics. Ou bien s'amuse-t-il à se pasticher luimême ? Ce n'est pas impossible : tout le film est un jeu de massacre. On rit assez souvent d'un rire grinçant, devant les caricatures que Bunuel abat à bout portant, mais l'on ne ressent jamais cette angoisse et cette émotion auxquelles nous avait habitué l'auteur de « Nazarin ». A noter aussi la composition de Jeanne Moreau, très étonnante femme de chambre, mais j'ai préféré le travail très subtil de Piccoli et la sournoiserie bourrue et terrible de Géret qui incarne le redoutable Joseph.