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    Naissance : 1900
    Décès : 1985
     
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    Marie Bell
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    Marie BELL

    « Voir Marie Bell dans « Phèdre » est une chance unique de savoir ce qu’est le génie français » : ainsi s’exprimait André Malraux et Jean Cocteau ne fut pas en reste, qui déclarait : « Quand Marie Bell paraît, tout le théâtre flambe » ! Malheureusement, sa carrière cinématographique ne suscite pas le même enthousiasme.

    Premier prix du Conservatoire, Marie Belle rentre à la Comédie Française où elle mène une carrière magistrale : Fernand Ledoux la dirige en 1937 dans « Les affaires sont les affaires » ; pour Pierre Dux, elle sera la Reine de « Ruy Blas » puis Roxane dans « Cyrano de Bergerac ». Les héroïnes de Racine lui conviennent : en 1942, c’est Jean-Louis Barrault la met en scène dans « Phèdre ». L’année suivante, la création de l’œuvre de Claudel, « Le soulier de satin », connaît un triomphe public. Après guerre, dirigée par Jean Marais, elle connaît le succès en Agrippine dans « Britannicus ». Au Théâtre du Gymnase, qu’elle dirigera, on la voit dans « La bonne soupe » de Félicien Marceau, un grand succès du boulevard, ce qui ne l’empêche pas, deux ans plus tard, de créer « Le balcon » de Jean Genet sous la direction de Peter Brook. Jusqu’au bout, ses prestations théâtrales ont attiré le dithyrambe. 

    Au cinéma, son jeu paraît aujourd’hui bien artificiel. Pourtant Marie Bell a cru au cinéma parlant, au grand dam de nombre de ses collègues du Français. Elle tourne en vedette une vingtaine de films tout au long des années 30, partageant l’affiche avec Jean Murat dans « L’homme à l’Hispano » (1933) ou Pierre Fresnay dans « Le roman d’un jeune homme pauvre » (1935). Dans « La nuit est à nous » (1930), Bettine de Barsac est une jeune femme moderne et souriante mais l’actrice ne retrouvera guère ce type de personnage, proche de sa vraie nature. Qu’elle soit femme du monde ou fille de mauvaise vie, elle affiche une élégance majestueuse, toujours trop froide et trop lointaine pour nous émouvoir.  Peu de films ont résisté à l’épreuve du temps, sauf peut-être « Noix de coco » (1939) où sa nature comique se révèle face au duo d’enfer constitué par Raimu et Michel Simon. Film sulfureux à l’époque, « La garçonne » (1936) nous ennuie plutôt mais vaut tout de même pour de magnifiques gros plans de l’actrice, sans parler d’une scène étonnante où elle se fait draguer par la môme Piaf ! Si l’on excepte « La charrette fantôme » (1939) où Duvivier lui confie le rôle secondaire d’une sympathique salutiste, ses deux films les plus célèbres demeurent « Le grand jeu » (1934) et « Un carnet de bal » (1937). Dans le premier, Jacques Feyder lui a confié un double rôle – les deux amours de Pierre Richard-Willm – mais elle ne nous touche vraiment que lorsque, teinte en brune, elle parle avec la voix de Claude Marcy. Dans le film de Duvivier, elle est de tous les sketches mais si l’on aime revoir ce film, c’est avant tout pour ses prestigieux partenaires : Sylvie et Pierre Blanchar, Raimu et Françoise Rosay, et surtout Louis Jouvet, récitant mélancoliquement le « Colloque sentimental » de Verlaine. En 1943, face à Raimu qu’elle imposera au Français, elle réussit une belle prestation en aristocrate manipulatrice refusant de croire au retour de son mari, « Le Colonel Chabert ».

    Vingt ans plus tard, on la retrouve sur les écrans dans « La bonne soupe » (1964), adaptation lourdaude de son succès théâtral. Une captation de « Phèdre » par Pierre Jourdan arrive bien tard pour rendre justice au talent de la comédienne… Heureusement, Luchino Visconti la réclame pour « Sandra » (1965) : dans le seul chef d’œuvre de sa filmographie, elle s’impose en Clytemnestre moderne cernée par la folie. Au Festival de Cannes 1969, elle se retrouve jurée auprès de Visconti ; entre temps, elle a joué en anglais la Grande Antoinette de Feydeau dans « Paradiso, Hôtel du libre-échange » (1966) avec Alec Guinness et Gina Lollobrigida. C’est son ami Jean-Claude Brialy qui lui offre son dernier rôle dans « Les volets clos » (1972) : Madame Aurore, gérante d’une accueillante « maison », a l’extravagance de la femme hors norme que fut Marie Bell dans la vie réelle. Dans son autobiographie, Brialy dresse un portrait haut en couleurs de la comédienne arrivant au Conquet « avec secrétaire et chauffeur comme si elle débarquait à Hollywood » et s’indignant soudain, alors qu’elle est septuagénaire : « Je suis éclairée n’importe comment, c’est scandaleux : j’ai l’air d’avoir 50 ans ! »   

    En 1974, Marie Bell paraît pour la dernière fois sur scène dans « Ne coupez pas mes arbres » auprès de Robert Lamoureux. L’année suivante, une grande histoire d’amour trouve son dénouement avec la mort de Jean Chevrier. Unis depuis 1953, ils s’étaient à plusieurs reprises retrouvés sur scène comme en 1965 où ils jouaient ensemble « Les enchaînés » d’Eugène O’Neill. Jusqu’à sa mort, elle dirigea « son » théâtre - le Gymnase : selon Visconti, « c’est un directeur (et non une directrice !) de théâtre qui arrive à faire tout ce qu’elle veut, avec une grâce infinie, une gentillesse extrême ». Aujourd’hui, ce théâtre porte son nom. Accessoirement – car elle n’en parlait jamais – Marie Bell avait été décorée de la légion d’honneur par le général de Gaulle pour faits de résistance…

    Jean-Paul Briant

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