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Annie Girardot et Claude Brasseur
Claude Brasseur et Daniel Ivernel
Michel Delahaye et Alexandre Rignault
Samson Fainsilber et Claude Brasseur
Mylene Demongeot et Claude Brasseur
Claude Makovski a vu douze mille films avant de tourner "Il faut vivre dangereusement" (article paru dans la presse lors de la 1ère diffusion du film à la télévision, le 21 septembre 1978)
CLAUDE MAKOVSKI, metteur en scène, co-scénariste de « Il faut vivre dangereusement », est à compter parmi ces dingues du cinéma qui respirent, travaillent, se distraient grâce au cinéma. A quatorze ans, il passe déjà le plus clair de son temps à la cinémathèque de l'avenue de Messine, à vingt ans, il fonde sa propre maison de production, « Cythère Films » , à vingt-deux ans, il crée, avec quatre autres fous de cinéma, le cercle des « Mac-Mahoniens », inventant le cinéma « à cycle », consacré à des metteurs en scène ou des comédiens. La même année, il s'occupe de la programmation au cinéma « Le Passy » et, encouragé par les résultats, construit une autre salle, « Le Dragon », à la place d'un vieil hôtel du quartier Latin. C'est là qu'est présenté en exclusivité, pendant dix mois, le « Feu follet » de Louis Malle. Il enchaîne par des programmes - hommages à de grands cinéastes alors mal connus : Losey, Murnau, Lang, etc. Il passe de la programmation à la production, écrit des scé- narios, dont celui de « La Fiancée du pirate » en collaboration avec Nelly Kaplan. Il était fatal qu'un jour Claude Makovski réalisât son premier film. L'échéance se produisit en 1975. l'année de ses trente-neuf ans. Il avait été le spectateur de près de douze mille films. Le sien fut ce "Il faut vivre dangereusement". Le thème avait été fourni par un roman policier 'Les Suicidés du printemps', signé Raymond Marlot. Derrière ce pseudonyme, qui rappelle le légendaire Philippe Marlowe des romans de Chandler se cache le romancier-diplomate Pierre-Jean Rémy. Pour la première fois, raconte Makovski, j'ai pensé à un acteur de renom en écrivant l'histoire : je voulais Annie Girardot dans le rôle de Leone. Elle représentait, à mes yeux, les qualités de mon héroïne : intelligence et désinvolture. Elle a lu le scénario et l'a aimé tout de suite. J'ai demandé à Claude Brasseur d'être Diquet, ancien de la brigade mondaine reconverti dans le « privé ». Amis de pension, nous nous connaissons de longue date. J'ai voulu, dans ce film, recréer l'atmosphère des films américains en noir et blanc avec Bogart. J'ai veillé, avec Jean Badal, chef opérateur, à ce que la couleur ne soit ni agressive ni trop présente, afin de conserver une certaine qualité de mystère. J'ai aussi soigné les décors : nous avons tourné, notamment, dans un des wagons-lits d'autrefois, avec verrerie de Lalique et marqueterie de Dunan. C'est, on le devine, avec plaisir que Claude Makovski verra son film exploité par le petit écran. « Je suis content d'atteindre la France en profondeur. Un film, même un succès, n'est vu que par quelques centaines de milliers de spectateurs. La télévision lui apporte une audience incomparable. Mais je regrette qu'elle ne donne aucun « retour », aucune réponse à la question posée, à savoir : que pensent les spectateurs de votre film ? Il manque, à la télévision, un contact affectif avec le public. Lorsque j'étais exploitant de salle, j'adorais respirer l'atmosphère côté public, sentir l'attention tendue vers l'écran, les rires, les soupirs, les réactions, qui changent avec les quartiers. La diffusion de masse est un phénomène frustrant et satisfaisant à la fois. Je pense aussi que le petit écran diminue le pouvoir de fascination du cinéma. Personnellement, j'aime en avoir plein la vue , avec la télévision, on atteint l'expression sans parvenir à la magie. Quant à la surconsom- mation de cinéma à la télévision, il estime que c'est un mal nécessaire. « La télévision pourrait faire bénéficier le cinéma d'une curiosité immense, sans lui nuire aucunement, dit-il. Il suffirait d'accentuer les créations originales et de démarquer les deux langages. » Claude Makovski a, lui- même, un projet de création originale : « Je souhaite monter une série de documentaires à thème. » Il travaille actuellement à ces émissions. Il compte également produire le prochain film de Nelly Kaplan. «J'accumule de la matière, je lis, je prends le temps du regard. Je m'exerce à vivre sur mes réserves, en limitant mes besoins. »
-SEULEMENT POUR ADULTES-
ANTENNE 2, tenue par le cahier des charges de passer à 20 h 30 des films tout public, a ouvert, dans sa nouvelle grille, une tranche horaire plus tardive, à 21 heures, 21 h 30, ou 22 heures, pour les films interdits aux moins de treize ans ou un peu osés, comme, ce soir, « Il faut vivre dangereusement ». Un premier programme (un documentaire ou des variétés) est alors intercalé tout de suite après le journal. Ces différences d'heures de programmation remplaceront désormais le carré blanc — créé il y a quinze ans — supprimé. Elles seront renforcées par une mise en garde de la speakerine, précisant que le film en question est pour adultes seulement.