Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
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Catherine Marsile et Marilyn Jess
Helene Shirley et Marilyn Jess
Helene Shirley et Marilyn Jess
Richard Allan et Helene Shirley
Richard Allan Nicolas, l'écrivain de science-fiction Marilyn Jess Kim, la femme robot Hélène Shirley Sabine Laura Clair Lucille, la secrétaire intérimaire Nadine Roussial Olga, l'assistante du réalisateur Catherine Marsille la seconde femme robot Guy Bérardant le réalisateur Dominique Aveline le barman
Réalisation : Claude Mulot (sous le nom de Frédéric Lansac)
Scénario : Claude Mulot
Chef opérateur : François About
Caméra : Thierry Arbogast
Montage : Pitof
Musique : Jean-Claude Nachon
Maquillage : Eric Pierre
Assistant réalisateur : Didier Philippe-Gérard et Dominique Aveline
Production : Francis Mischkind - FFCM / JeanLuc Brunet - Framo Diffusion
Sortie le 7 janvier 1981
Seul devant son clavier, Nicolas, écrivain de science-fiction, se remémore les étapes successives d’un parcours amoureux calamiteux. Ses relations avec la gente féminine souffrent depuis toujours de son appétit sexuel hors du commun, appétit qui finit par décourager les plus endurantes. Ainsi Sabine, sa dernière maîtresse, malgré de réelles dispositions, s’est lassée de ses assiduités et l’a abandonné aux bons soins de sa secrétaire, Lucile. Lucile arrassée, Lucile éreintée puis finalement Lucile envolée, Nicolas jette son dévolu sur l’assistante du réalisateur venu pour discuter de l’adaptation d’un de ses ouvrages. Elle n’y reviendras pas. Pour résoudre définitivement le problème, Nicolas décide de donner vie à un robot, une « femme parfaite », muette bien entendu, et vouée à son seul bon plaisir. Ainsi naît la très agréable et très coopérative Kim que Nicolas dirige au moyen d'une télécommande. Mais, comme toujours, la créature finit par échapper à son créateur...
« (...) Dans un premier temps Lansac garde deux clichés du hard : l‘étalon toujours prêt. Mais sur ces prémisses il élabore une dérision totale des autres archétypes. (…) Nicolas n‘a rien a dire aux femmes, pas même qu‘il les désire. Son silence est sincère ; il a simplement besoin d’une partie de leur corps. Maîtrise suprême et fabuleuse ascèse de la part d’un dialoguiste brillant, Lansac recours à la voix off : la complaisance abjecte de Nicolas pour lui-même (...) montre assez que le réalisateur règle son compte au mâle du hard. Dernier trait, la créature que crée Nicolas est une synthèse de Frankenstein et de Pygmalion : elle unit la beauté mythique de la seconde aux sutures terrifiantes de la chose du baron. Et c’est ici que le film bascule. Ce qui était la parodie de la dominatrice classique au harnais de cuir et d’acier devient une femme qui va venger toutes les autres. Rarement la photo de François About avait été aussi belle. Marilyn Jess est parfaite et l’on sent monter, silencieuse, derrière sa beauté, la force qui tue. Mais Richard Allan, Helen Shirley et elle avaient depuis longtemps fait preuve de talent. Ils sont ici prodigieux car leur rôle est une gageure : ils n‘ont pas de dialogues (...) Allan (...) nous rend sensible le passage de la domination ironique à la détresse bouleversante (...) Lansac construit là un film limite, réflexion de moraliste sur le hard. Nous glissons, insensiblement, du désir vers le silence et la mort. Un chef d‘oeuvre. » - Alain Minard, La Saison cinématographique 1981.
« Un des titres les plus célèbre du porno tricolore, et pratiquement le seul à avoir bénéficié d'une reconnaissance critique (...) Marilyn Jess se tire à merveille de ce rôle périlleux et entièrement muet. Par un simple battement de paupière ou une seyante ondulation du bassin, elle réussit le tour de force de faire jaillir une étincelle de vie au milieu des chairs mortes. Mais il ne faut pas non plus oublier la performance de Richard Allan dont l‘ironie gouailleuse s‘ éteint à petit feu pour exprimer la malédiction d‘un personnage réduit à l‘état de piston mécanique. (…) Pour autant, LA FEMME OBJET n‘apparaît pas comme un chef d‘œuvre du hard français, mais plutôt comme un film limite questionnant la place du spectateur, une œuvre à la démarche essentiellement théorique… et fabriquée.» - Gilles Esposito , Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques 16 et 35 mm, Serious Publishing, 2011.
« (...) Marilyn Jess en plein acte voluptueux exhibe avec un air de défi à l’adresse de Richard Allan la télécommande dont elle s’est emparée et qu’elle tient en main, lui signifiant par là que c’est tout autant sa propre vie qu’elle prend désormais en main, qu’elle la contrôle selon son désir. Il convient de ne pas se leurrer .Il ne s’agit en rien d’une illustration de la « libération de la femme » (…) La métaphore est ailleurs. L’être de sexe masculin est objet de ses pulsions, manipulé par elles, soumis. Le personnage féminin est naturellement la matérialisation des désirs du spectateur. La domination finale du personnage masculin de Richard Allan par sa création (…) peut par conséquent apparaître comme l‘image de cette domination de l‘homme par ses propres désirs. (…) La révolte de la femme-objet rappelle au spectateur que la comédienne du film est un être pour soi, qui lui échappe irrémédiablement. Si l‘objet-femme dans le récit est fabriqué par le personnage masculin tout comme l’objet-film et l’objet-DVD dans la réalité ont été fabriqués par des producteurs et des diffuseurs, sa rébellion traduit le fait que les seuls objets véritables à la disposition des spectateurs sont ces objets-là, et non la comédienne-sujet incarnant une prétendue femme-objet n’existant que dans l’imaginaire. A la fin de la projection, le spectateur masculin est ramené à lui-même, gros-jean comme devant, en proie à ses désirs insatisfaits. Assurément pornographique ce film s‘offre toutefois le luxe rare d‘avoir un propos. » - Maxime Delux, Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques 16 et 35 mm, Serious Publishing, 2011.
Fiche réalisée par Stéphane Bruyère pour BDFF, 2016.