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Eternel retour Affiche du film
Jean Marais et Madeleine Sologne
Madeleine Sologne et Jean Marais
Jean d Yd Yvonne de Bray et Pieral
Madeleine Sologne et Jean Marais
Jean Marais Madeleine Sologne et Alexandre Rignault
Jean Marais Moulouk et Madeleine Sologne
Jean Marais et Madeleine Sologne
Madeleine Sologne et Jean Murat
Yvonne de Bray Pieral et Jean d Yd
Jean Marais Patrice Madeleine Sologne Nathalie (la blonde) Jean Murat Marc Junie Astor Nathalie (la brune) Roland Toutain Lionel Piéral Achille Frossin Yvonne de Bray Gertrude Frossin Jean d'Yd Amédée Frossin Alexandre Rignault Morholt Jane Marken Anne et Moulouk, le chien de Jean Marais
L'Éternel Retour
film français réalisé par Jean Delannoy, scénario de Jean Cocteau, sorti en 1943.
Synopsis
Le jeune et beau Patrice (Jean Marais) vit en Bretagne dans le château médiéval de son riche oncle Marc (Jean Murat), qui est veuf. La demeure est également habitée par la famille Frossin : Gertrude (Yvonne de Bray), belle-sœur de Marc, son mari Amédée (Jean d’Yd) et leur fils, le nain Achille (Piéral), qui feignant d'être une victime exerce sa haine sur tous. Gertrude n'a qu'un seul objectif, faire du nain l'héritier de Marc. Mais ce dernier a une grande affection pour son neveu Patrice, qui souhaite trouver une femme à son oncle et le combler de bonheur... Il la trouve en la personne de Nathalie la blonde (Madeleine Sologne), tendre souffre-douleur d'un colosse brutal, Morholt (Alexandre Rignault).
MAIS ! Un philtre d'amour, avalé par mégarde, unit à jamais les deux jeunes gens, à l'insu de l'oncle. Leur amour éveille la jalousie de la famille Fressin et déplaît fortement à Marc, qui prend ombrage de la soudaine complicité des deux amoureux...
Remarques :
L’Éternel Retour est une transposition moderne (dans les années quarante) de la célèbre légende médiévale de Tristan et Iseut. Jean Cocteau a écrit le synopsis et les dialogues. Comme source de son travail, il a utilisé la version de l’histoire de Tristan et Iseut, en français moderne, écrite par Joseph Bédier, parue pour la première fois en 1900. Le très nébuleux titre du film évoque une pensée de Nietzsche sur l'éternel recommencement et l'éternité des choses, que Cocteau applique à la légende de Tristan et Iseut
Ce film connut un immense succès à sa sortie en 1943, faisant de Jean Marais une star (avec son chien Moulouk). Il lança la mode du pull jacquard que Marais porte dans le film.
Fiche technique
• Titre : L'Éternel Retour
• Réalisation : Jean Delannoy
• Scénario : Jean Cocteau
• Décors : Georges Wakhevitch
• Costumes : Georges Annenkov
• Photographie : Roger Hubert
• Musique : Georges Auric
• Montage : Inconnu
• Pays d'origine : France
• Format : Noir et blanc – Mono
• Genre : Drame
• Durée : 115 minutes
• Date de sortie : France - 13 octobre 1943
Interview de Jean Delannoy en 1976 : J'ai tourné "L'éternel retour" grâce à "L'enfer du jeu"
AU milieu de ses livres soigneusement reliés et de ses meubles Empire, Jean Delannoy vit dans un petit pied-à-terre près de l'avenue de Suffren. Il a soixante-huit ans. Grisonnant, vêtu d'un pantalon en flanelle grise, d'une veste et d'une chemise bleu-sombre, il a la silhouette élancée, l'œil attentif, le geste courtois. « L'Eternel Retour » ? dit-il de sa voix unie. Bien sûr, je suis satisfait que la télévision le passe une fois de plus mais j'ai tout de même tourné quarante films dont trente-deux ont été des succès. » Il sourit et enchaîne : « Je l'ai tourné en 1943, après « Pontcarral», sous l'Occupation. Jean Cocteau avait adoré l'un de mes premiers films, « Macao l'enfer du jeu », un Macao où, d'ailleurs, je ne suis jamais allé. Lui, il avait fréquenté toutes les salles de jeu et leur atmosphère surchauffée. Il m'a dit : « Les poètes inventent la réalité. » Ce film, il l'a vu au moins quinze fois. Il y a amené tout Paris, du moins celui qui acceptait d'entrer dans les caves où il était projeté. Les Allemands l'avaient, en effet, interdit. C'est au cours d'une de ces réunions privées, chez Eclair, rue Gaillon, que Jean Cocteau et moi avons décidé de faire un film ensemble. Nous avons songé à la légende de Tristan et Iseult mais les producteurs refusaient un film d'envergure qui de plus, se passait au XVème siècle. Alors, Jean Cocteau a transposé. Le roi Marc est devenu oncle Marc, le nain Piéral étant le symbole des mauvais barons de la légende. » Jean Marais, qui fut Tristan, se cherchait encore. Il avait déjà fait du théâtre mais, malgré l'appui de Cocteau, il n'avait pas encore la notoriété que « L'Eternel Retour » allait lui donner. De même, Madeleine Sologne, que j'avais fait tourner dans « Fièvres », avec Tino Rossi, s'affirma à partir de là.
L'équipe au complet
« Le soir où, dans cette cave, eut lieu cette projection interdite, il y avait comme spectateurs, avec nous, Jean Marais, Madeleine Sologne, Hubert, qui fut l'opérateur du film, et Moulouk, le chien de Jean Marais. Bref, l'équipe était presque au complet. » Moulouk était une bête, mâtinée de chien de traîneau, que Jeannot avait, au moment de l'exode, trouvée au bord de la route, attachée avec une ficelle. Jean Marais l'avait adoptée. Dans le film, quand le chien sautait dans ses bras, ce n'était pas du dressage : il lui suffisait d'ouvrir les bras. C'était une histoire d'amour entre eux. » Je suis allé tourner en zone libre, bien que le scénario impliquât un bord de mer en Cornouaille. La Méditerranée n'a pas les mêmes rivages. Mais ce sont les difficultés qui nous incitent à approfondir et rendent plus intéressant notre travail. En Norvège ou en Suède, j'aurais trouvé plus facilement mes paysages. J'ai dû explorer tous les lacs des Alpes jusqu'à ce que je trouve celui qui pouvait convenir. J'y ai construit la resserre à bateaux où agonise Tristan. Il y avait un petit port avec des barcasses qui faisaient le transport de pierres avec la Suisse. C'étaient des bateaux étranges qui ne ressemblaient à rien. La côte méditerranéenne, d'ailleurs, était interdite au tournage : on craignait les débarquements alliés. Les conditions de travail étaient précaires ; on manquait de tout. L'Hispano à cylindres, 32 CV, que j'utilisais pour mes recherches marchait au gazogène. Elle ne pouvait monter les côtes qu'en première et chauffait. Cocteau m'accompagnait souvent. C'était un être inspiré. On lui a reproché son excès de dons et on l'accuse encore volontiers de dilettantisme : mais, quand il a fait de la tapisserie et du dessin, c'était aussi en technicien et ses chapelles de Milly et de Villefranche sont dignes des artisans du XVe siècle. C'est en tournant ce film que nous avons projeté de faire ensemble « La Princesse de Clèves ». Le succès étonnant de L'Eternel Retour nous a encore confortés. Puis, en 1944, ça a été la Libération. Les Américains ont débarqué avec, dans leurs jeeps, toutes les comédies filmées de leur pays. Nous avons pensé que ce n'était pas le moment. Finalement, j'ai attendu dix-sept ans pour réaliser ce film. » Maintenant, c'est la télévision qui nous donne les moyens de réaliser des œuvres intéressantes. C'est pourquoi j'ai pu faire « Le Jeune Homme et le Lion . Aujourd'hui, encore pour la télévision, je projette de réaliser « Les Ames fortes », de Jean Giono. Il y a vingt ans, en 1955, l'auteur m'en avait déjà accordé les droits. J'ai même failli le réaliser pour le cinéma mais le producteur y a renoncé. D'accord avec les héritiers de Jean Giono, j'en ai fait, cette fois l'adaptation avec Jean Aurenche. Au cinéma, j'ai aussi en vue la réalisation d'un film sur la « banquière des années folles », Mme Hanau.
TRENTE-TROIS ANS APRES, MADELEINE SOLOGNE RETROUVE JEAN MARAIS.
SUR le plateau du Théâtre Antoine, où Jean Marais dirige les répétitions des « Parents terribles », de Jean Cocteau, dont la première aura lieu le 17 janvier 1977, avec Madeleine Robinson et Lila Kedrova, une visite surprise : celle de Madeleine Sologne, qui arrivait impromptu de sa résidence solognote à la Ferté-Imbault, sa ville natale. Ils se sont jetés dans les bras l'un de l'autre. Après quinze films, dont le légendaire « Eternel Retour », Madeleine Sologne n'a guère envie de reprendre le métier. « D'ailleurs, dit-elle, j'ai la chance extraordinaire d'avoir interprété un chef-d'œuvre ». Elle a encore été une vedette de Cocteau en 1966, lors d'une tournée triomphale avec « Les Parents terribles ». Jean Marais, lui, qui a quitté les Hauts-Pradons, en Provence, et ses poteries — qu'il expose, d'ailleurs, à Paris, 91, rue Saint-Honoré — interprétera le père des « Parents terribles », de Cocteau, après en avoir été le fils, il y a trente-cinq ans. L'art dramatique est coutumier de ces retours en arrière et Cocteau aurait aimé cette filiation.