Charles Boyer | Naissance : 1899 Décès : 1978 | Partager cette page sur Facebook : | 1 Commentaire |
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1920
L'homme du large
1934
Liliom
1934
Le bonheur
1936
Le jardin d'Allah
1936
Mayerling
1938
Orage
1942
Six destins
1943
Obsessions
1953
Madame de ...
1955
Nana
1956
Paris, Palace Hôtel
1957
Une parisienne
1958
Maxime
1961
Fanny
1962
Adorable Julia
1966
Paris Brûle-t'il ?
1974
Stavisky...
DANS l'un des derniers films qu'il tourna, « Les Horizons perdus », il incarnait le grand Lama, personnage âgé de deux cent cinquante ans. Dans la vie, Charles Boyer n'aura pas atteint ce score, encore hors de la portée des hommes ; il vient de se suicider à son domicile de Phoenix (Arizona), quelques jours avant son quatre-vingt-unième anniversaire. Deux jours après le décès de son épouse, l'actrice anglaise Pat Patterson, qui partageait sa vie depuis quarante-quatre années. Le couple battait le record absolu de durée enregistré par un ménage d'acteurs à Hollywood. Aussi, quand, au matin, on découvrit le corps inanimé de Charles, on sut aussitôt qu'il n'avait pu survivre à sa femme et que le Philémon de la légende des stars, plutôt que de voir leur union interrompue, avait rejoint sa Baucis dans la mort. Français de naissance (il avait vu le jour à Figeac, le 28 août 1897), américain et vedette internationale, Charles Boyer, c'était « l'amant latin », un regard dont le velouté troublait les âmes féminines ; c'était, surtout, une voix dont les modulations portaient au plus profond des cœurs troublés. Il avait succédé, dans la spécialité, à Rudolf Valentino. Or, au début de sa carrière, il se trouva quelqu'un d'illustre pour contester, sinon pour ignorer, ces atouts du charme du jeune Charles Boyer. Alors qu'il répétait une pièce, Mme Simone, comédienne et écrivain , lui jeta, sans daigner poser les yeux sur son regard : "Avec une voix comme la vôtre, mon garçon, on ne fait pas de théâtre. A la rigueur, on enseigne la philosophie.»
Jeune, il méprisait le cinéma
La philosophie, justement, il en sortait. Avec une licence. Cette peau d'âne était la condition que ses parents, marchands de machines agricoles à Figeac (Lot), avaient mise à sa poursuite d'autres études : les cours du Conservatoire, sous la direction de Raphaël Duflos, dans la même classe que Pierre Blanchar et Fernand Ledoux. Comme de l'université, il s'évada du Conservatoire muni d'un diplôme : un second prix, ce qui n'était pas si mal à une époque où les jeunes acteurs attachaient encore plus d'importance à ces distinctions que de nos jours. Futur séducteur du cinéma international, Charles ne se doutait pas, alors, de cet avenir, et passait plus de temps à se divertir avec des amis qu'à conquérir des maîtresses. C'est ainsi qu'il se lia avec un jeune assistant metteur en scène : Philippe Hé riat, qui deviendra romancier et écrira « La Famille Boussardel ». C'est ainsi qu'Hériat présenta le beau Charles à son patron, Marcel L'Herbier. C'est ainsi que, en 1920, L'Her bier fit débuter Charles Boyer dans un petit rôle de "L'Homme du large". Le réalisateur se souvient : Il était très attaché au théâtre. Le cinéma le dégoûtait. Mais le septième art rapportait de l'argent, et comme Charles Boyer pouvait difficilement résister à l'attrait du tapis vert... » Acteur de talent minutieusement attaché à la « composition » de personnages qu'il impose avec une élégante perfection, il se fait très vite une situation de premier plan au cinéma. La liste de ses partenaires illustres à de quoi impressionner : de Marlène Dietrich à Greta Garbo, en passant par Danielle Darrieux, Irène Dunne, Michèle Morgan et Bette Davis... Greta Garbo, c'était dans « Marie Walewska », Irène Dunne, c'était dans « Elle et Lui », Danielle Darrieux, c'était dans « Mayerling ».
La tragédie de son fils unique
Voilà pour le théâtre. Voilà pour le cinéma. Quant à sa vie, elle s'inscrivait dans la route droite du bonheur. A Hollywood, il s'était fait une certaine réputation d'intellectuel. En 1941, il avait fondé « The French Research Foundation » qu'il dirigea jusqu'à ces dernières années. Un fils, Michaël, était né de son union heureuse avec Pat Patterson. Hélas ! seul drame dans la vie de Charles Boyer, mais quel drame ! ce fils unique mourut à vingt-deux ans dans d'étranges circonstances. Il venait de se chamailler avec son flirt. Elle avait cru à un caprice et avait décidé de rentrer chez elle. Il la menaça de se tuer si elle franchissait la porte. Elle crut que c'était comédie. Sitôt passé le seuil de la demeure, elle entendit un coup de feu. Dans le barillet du revolver, il n'y avait qu'une balle, celle qui avait tué le malheureux Michael. Cinq chances de vivre, une de mourir, il avait joué son suicide à la roulette russe, et il avait perdu. Cette tragédie se déroula en septembre 1965. A ce moment-là, Charles tournait à Paris « Comment voler un million ». C'est un autre homme qui revint de l'enterrement. Pour tenter d'atténuer son chagrin, ses amis David Niven et Dick Powell le surchargèrent de travail. Avec eux, il était propriétaire d'une firme de production, la "Four Stars Films", qui réalisait des feuilletons pour la télévision et qui occupait les studios d'une compagnie légendaire de Hollywood : la « Republic Pictures », celle qui nous offrit « La Chevauchée fantastique ». Mais, vieillissant sans enfant, pleu rant leur Michaël, Pat et Charles dépérissaient. Produire pour la télévision des séries comme « L'Homme à la Rolls », c'était bien pour les autres, mais pas le but qu'ils avaient fixé à leur existence. Il ne leur restait qu'à s'aimer. Et ils s'aimaient ! Alors, quand Pat mourut, Charles...