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Anne Laurens et Marcel Duhamel
Charles Blavette et Nane Germon
Jean Gabin et Charles Blavette
Marcel Duhamel et Paul Violette
Jean Gabin le capitaine André Laurent Madeleine Renaud Yvonne Laurent Michèle Morgan Catherine Fernand Ledoux Kerlo, le bosco Charles Blavette Gabriel Tanguy, le second Jean Marchat Marc, le capitaine du Mirva Henri Crémieux l'administrateur Marcel Duhamel Poubennec Henri Poupon le docteur Maulette Nane Germon Renée Tanguy René Bergeron Georges, le second du Mirva Anne Laurens Marie Poubennec Marcel Pérès Le Meur Jean Dasté le radio Henri Pons le cuistot du Cyclope Sinoël l'armateur Léonce Corne le cuistot du "Hollandais" Alain Cuny un marin du Mirva Lucien Coëdel un marin du Cyclope Marcel Melrac un marin du Cyclope Marc Doelnitz un marin du Cyclope Raymone la bonne de l'hôtel Robert Dhéry un matelot au mariage Geller Robert Leray Max Rogerys Paul Violette
Réalisation : Jean Grémillon
Scénario : Jacques Prévert d'après le roman éponyme de Roger Vercel
Adaptation : André Cayatte, Charles Spaak
Dialogues : Jacques Prévert
Assistant réalisateur : Louis Daquin
Image : Armand Thirard
Caméra : Louis Née, Philippe Agostini
Son : Joseph de Bretagne
Montage : Yvonne Martin
Musique : Roland-Manuel
Décors : Alexandre Trauner
Maquillage : Acho Chakatouny
Script : Renée Nitzschke
Régie : Louis Wipf
Effets spéciaux : Nicolas Wilcke
Photographe de plateau Emmanuel Lowenthal
Directeur de production : Roland Tual
Production : M.A.I.C. - Maîtrise Artisanale de l'Industrie Cinématographique (Paris)
Distribution : SEDIF
Format : 35 mm - NB
Visa n° 806 du 15.2.1946
Date de sortie : 27 novembre 1941
compléments S.B. -Juillet 2018
Jean Grémillon termina "Remorques" en 1940 pendant une permission de Jean Gabin.
REMORQUES » a été, en 1939, le premier des trois films qui firent connaître Jean Grémillon du grand public, les suivants ayant été « Lumière d'été » et « Le ciel est à vous ». Jusque-là, ses courts et longs métrages muets et même son premier « parlant », « La Petite Lise », l'avaient fait classer parmi les « esthètes ». Ce n'était pas une bonne étiquette pour les producteurs. Il avait choisi Louis Daquin comme assistant pour ce film. Dans son bureau, tapissé de livres, de son appartement de la rue Jean-Bart, près du Luxembourg, Daquin retrouve ses souvenirs d'alors : « On a commencé à tourner en juillet 1939, précise-t-il. Nous sommes d'abord allés à Brest faire les extérieurs avec les bateaux et les scènes de plage. Nous sommes ensuite venus à Paris et aux studios de Billancourt. L'atmosphère nous rendit fiévreux jusqu'au jour où nous avons reçu notre fiche de mobilisation. Le film était aux deux-tiers terminé. Gabin était très affecté. Lui et Michèle Morgan avaient déjà tourné ensemble « Quai des Brumes », mais Morgan n'était encore qu'une jeune première d'avenir. Elle devait partir pour les USA. Gabin, lui, a été rappelé dans la marine. Grémillion et moi avons été envoyés aux frontières de l'Est. » Le producteur, Lukat chevitch, a réussi, en mars de l'année suivante, à nous faire rappeler tous à Paris, surtout Gabin, au titre du ministère de la Marine. C'est ainsi que nous avons pu terminer, aux studios de Boulogne, les scènes les plus importantes, celles de la tempête. Les caméras de l'époque ne nous auraient pas permis de les tourner en mer. Notre décorateur n'était autre que Trauner, auquel on doit le décor de tant de grands films français. Le producteur réussit même à faire revenir notre opérateur. Finalement, le film a été achevé trois semaines avant l'entrée des Allemands dans Paris. » Lukatchevitch est, lui aussi, parti pour l'Amérique. La copie du film, c'est le monteur, qui était réformé, qui l'a passée en zone libre dans sa petite voiture. Pendant ce temps là, remobilisé, j'ai été expédié dans le Midi avec un contingent de soldats. En octobre de l'année suivante, un parent du producteur a récupéré la copie. On a pu la monter. Roland Manuel a écrit la musique. Le film est sorti sous l'Occupation en 1942. Il a très bien marché. » Grémillon était un très grand directeur d'acteurs. On allait, lui et moi, chercher les comédiens au théâtre et on les découvrait. Grémillon savait utiliser tous les acteurs, même s'ils n'avaient pas la même formation d'origine : Gabin, qui avait pas mal bourlingué déjà, Morgan qui était la vedette type, mais, aussi, Madeleine Renaud et Fernand Ledoux, qui, venus du théâtre, avaient su assimiler le cinéma. Il pensait, comme l'a dit Jouvet, que « la différence entre le théâtre et le cinéma n'est qu'une question de souffle, » De fait, la pratique du métier demeure la même ; à la télévision aussi. » Jai été, reprend Daquin, l'assistant de Grémillon pour plusieurs films. A cette époque, le métier d'assistant était différent : on faisait partie de l'atelier du maître (Becker a débuté chez Renoir). On avait plus de temps. C'était nous qui dégrossissions les scènes. Il venait ensuite y mettre sa griffe. Aujourd'hui, dans cette ère de productivité, de tels rapports paraissent anormaux et c'est, sans doute, regrettable. A l'époque, un tournage comme celui de "Remorques" était dur. Nous n'avions aucun matériel léger : en extérieurs à Brest, quand on revenait du bateau, il fallait trimballer tout le matériel a dos d'homme.
Un ennemi du « n'importe quoi »
» Grémillon, c'était, comme on dit, « un homme de qualité ». D'une extraordinaire culture, compositeur de musique, c'était un metteur en scène difficile : il refusait le " n'importe quoi " qu'on lui proposait de tourner. C'était, surtout, quelqu'un qui n'a pas pu réaliser ce qu'il voulait. Il est mort en 1959 en laissant trois ou quatre scénarios. » A la Libération, il avait en téte trois sujets. Il s'est acharné en vain à vouloir les réaliser et, petit à petit, il s'est enfermé dans la solitude. L'un traitait des guerres de religion : " Le Massacre des Innocents " ; un autre, de 1848 : « Le Printemps de la liberté » et, celui qui lui importait le plus : la vie d'un ouvrier qui, en 1936, s'engage dans la guerre d'Espagne puis rentre en France et devient résistant pendant la guerre. » Jean Grémillon a voulu lutter contre un système qui l'a peu à peu éliminé. Il a disparu en même temps que deux autres hommes auxquels j'étais très lié, Jac ques Becker et Gérard Philipe.
ÉLÈVE DE VINCENT D'INDY ET AMI DE CHARLES DULLIN
Même dans le cœur des cinéphiles, a-t-on pu écrirer Grémillon (notre photo) n'occupe pas la place qu'il mérite. Il est vrai que son œuvre n'est pas d'accès facile et que la simplicité quasi ascétique de ses films peut rebuter... » Né à Bayeux en 1902, fils d'un sous chef de section aux chemins de fer de l'Ouest, il vint, contre la volonté de son père, à Paris pour s inscrire à la " Schola Cantorum " où il eut, comme professeur, Vincent d'Indy. Il y rencontra un groupe d'artistes : Foujita, Isadora et Raymond Duncan et Charles Dullin, qui venait de débarquer de Lyon. Pour gagner sa vie, il dut jouer dans un petit orchestre de boulevards. Il se lia avec le projectionniste Georges Périnal, dont la femme était pianiste dans l'orchestre. A forçe d'échanger des idées sur le cinéma et la mise sn scène, ils décidèrent, à eux trois, de faire un film. Le projectionniste devint opérateur, le violoniste metteur en scène. Ils ont ainsi réalisé ensemble, de 1923 à 1926, une quinzaine de courts métrages, tous disparus. Son ami, Charles Dullin, qui lançait alors « L'Atelier , fonda, en même temps "Les Films Charies-Dullin " et lui confia la réalisation de son premier long métrage : « Maldonne ». L'opérateur était toujours Périnal. Grémillon avait vingt-six ans. Avant « Remorques , il réalisa « Gardiens de phare » adapté d'une pièce du Grand Guignol , puis des versions françaises de films étrangers, et composa de la musique de films. Sa première rencontre avec Gabin, deux ans avant « Remorques , date de « Gueule d'amour , avec Mireille Balin. Il reconstituait, dans ce film, le couple de Pépé le Moko , tourné l'année précédente.