Marcel Pérès | Naissance : 1898 Décès : 1974 | |
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1938
Hôtel du Nord
1938
Mollenard
1938
La bête humaine
1938
Métropolitain
1938
Carrefour
1938
Les femmes collantes
1938
Belle étoile
1938
Quai des brumes
1938
L'accroche-coeur
1939
La charrette fantôme
1939
Louise
1939
Vidocq
1939
Le jour se lève
1940
Remorques
1941
L'assassinat du Père Noël
1941
Caprices
1941
Nous les gosses
1942
Le journal tombe à cinq heures
1942
Les affaires sont les affaires
1943
Le Baron fantôme
1943
Goupi mains rouges
1943
Adieu Léonard
1944
Les petites du quai aux fleurs
1944
Sortilèges
1945
Roger la honte
1945
François Villon
1946
Les aventures de Casanova
1946
Martin Roumagnac
1946
Raboliot
1946
Panique
1947
Voyage surprise
1947
Monsieur Vincent
1948
L'armoire volante
1950
Le furet
1950
Justice est faite
1952
Nous sommes tous des assassins
1952
Le plaisir
1952
Le rideau rouge
1953
Avant le déluge
1953
Alerte au Sud
1954
Cadet Rousselle
1954
Le fils de Caroline chérie
1955
Gas-oil
1955
Papa, maman, ma femme et moi...
1956
Si Paris nous était conté
1956
Marie-Antoinette reine de France
1956
Le sang à la tête
1957
L’habit vert
1957
Énigmes de l'histoire : La double mort d...
1957
Le chômeur de Clochemerle
1957
L'île au trésor
1958
En votre âm...
L'affaire Ga...
1958
Le voyage de Monsieur Perrichon
1958
Trois jours à vivre
1958
La p... sentimentale
1958
Les jeux dangereux
1959
Maigret et l'affaire Saint-Fiacre
1960
Le caïd
1960
Le capitan
1961
Maléfices
1962
L'inspecteu...
Mort sans po...
1962
L'inspecteu...
La mort d'un...
1962
Les bricoleurs
1963
nouveau
Méfiez-vous, mesdames
1963
L'assassin connait la musique
1963
Le théâtre ...
Mon oncle Be...
1963
À toi de faire... mignonne
1963
La cage vide
1964
Le théâtre ...
Le matelot d...
1964
Le théâtre ...
Le magasin d...
1964
Monsieur
1964
La grande frousse
1965
Les grandes gueules
1965
Le théâtre ...
Sans famille
1965
Le théâtre ...
David Copper...
1966
La bourse et la vie
1966
Indiana
1967
Les Aventures de Huckleberry Finn
1967
Allô police
L’affaire Al...
1967
Malican pèr...
Escroquerie
1967
Les enquête...
La tête d'un...
1967
Le chevalier tempête
1967
Les compagnons de la marguerite
1968
La prunelle
1968
La voie lactée
1969
Solo
1969
Les aventures de Tom Sawyer et Huchleber...
1969
L'étalon
1969
S.O.S. Fréquence 17 : Mystérieux objets ...
1970
Lancelot du lac
1970
Mourir d'aimer
1971
Les nouvell...
Les chauffeu...
1971
Tang
1971
La part des lions
1971
L'albatros
1974
Mort au jury
Marcel PÉRÈS
Parfaite incarnation de l’adjectif « bourru », Marcel Pérès mérite notre reconnaissance pour avoir ronchonné, éructé ou fulminé sans relâche tout au long de 180 films. Les sourcils fournis, le nez fort, la casquette ou le képi toujours vissés sur le crâne, sans parler de sa sempiternelle moustache, il reste une des silhouettes les plus familières de l’écran français. Avec son père adoptif et sa sœur, la future Jeanne Perez, il connaît dès l’enfance la vie des comédiens itinérants, jouant même l’une des « Deux Orphelines », ce qui paraît difficile à imaginer en regard de ses rôles ultérieurs ! Monté à Paris, il connaît des années de galère, figurant un jour, chauffeur de taxi le lendemain. Au mitan des années 30, il sympathise avec Jean Gabin qui lui met le pied à l’étrier dans « Variétés » (1935) puis dans la scène initiale de « Quai des Brumes » (1938) où Pérès conduit le camion qui mène au Havre le soldat déserteur. On le retrouve aussi dans « La bête humaine » (1938), « Le jour se lève » (1939) ou « Remorques » (1939). Après-guerre, dans « Martin Roumagnac » (1946), Pérès accompagne son chef de chantier à la boxe où il cède galamment sa place à Marlène. Pour Gilles Grangier, transformé en homme-sandwich, il râle contre « Archimède le clochard » (1958) qui nourrit son chien de jambon quand « les chinois crèvent de faim » ! Une silhouette de bedeau dans « Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre » (1959) ou de jardinier dans « Monsieur » (1964) seront les derniers gages de fidélité de Gabin à son pote Pérès.
Roger Blin, complice des années difficiles, fut sa seconde chance : il lui déniche un engagement dans l’équipage de « Mollenard » (1937) et voilà la machine lancée : en 1938, Pérès apparaît dans la bagatelle de dix-huit films, dont « Monsieur Coccinelle » où il joue un boucher nommé Brutus Dupont. On a parfois du mal à le repérer, surtout s’il est grimé en mineur de fond comme dans « Grisou ». Très vite, il campe idéalement les travailleurs, aussi crédible en peintre en bâtiment dans « Hôtel du Nord » (1938) qu’en ouvrier sableur dans « Le jour se lève » ou en souffleur de verre dans « Les amants de Vérone » (1948). Comme on n’est pas là pour rigoler, il affiche le plus souvent une mine renfrognée et éructe plus qu’il ne parle. Il faut le voir, grognant et rotant à table, dans « Le baron fantôme » (1942). On dirait qu’il râle toujours, qu’il dirige la fourrière municipale dans « Parade en sept nuits » (1940) ou, contremaître irascible de « Deux sous de violette » (1951), s’énerve contre son jeune ouvrier flirtant avec Dany Robin. Il file une correction au brave Larquey dans « La tradition de minuit » (1939), s’emporte contre son fiston dans « Ronde de nuit » (1949), file des baffes à son beau-père dans « Cela s’appelle l’aurore » (1954) et paraît si mal embouché qu’il pourrait bien être responsable de la mort de Paul-Louis Courier dans « La ferme des sept péchés » (1948).
Pourtant, ce spécialiste des brutes épaisses est capable, sous des dehors menaçants, d’actes d’humanité : ainsi, La Fouille, sur le point de faire la peau à « Monsieur Vincent » (1947), accepte de partager son repas avec la petite fille d’une pestiférée. La télé des années 60 jouera de cette image rugueuse, tout spécialement « Le Théâtre de la Jeunesse » - on le voit dans « David Copperfield » (1964) ou « Sans Famille » (1965) où il joue le cruel Barberin – mais aussi les enquêtes de l’inspecteur Leclerc ou du commissaire Maigret, sans oublier ces excellents feuilletons de cape et d’épée que sont « Les Compagnons de Jéhu » (1966) et « Le Chevalier Tempête » (1967). Remplacez la gapette par un képi, et Pérès fera un gendarme idéal. Certes, il ne présente pas le visage le plus avenant de la maréchaussée : à lui, les rôles de gendarmes sans pitié ou un peu bornés. On le sent sur le point de tourner en bourrique face aux « Caprices » (1941) de Danielle Darrieux ou aux paysans madrés de « Goupi Mains Rouges » (1943) comme en Agent 55 dans « Les Petites du Quai aux Fleurs » (1944). On le voit aussi en gardien du Château d’If dans « Le Comte de Monte Cristo » (1942) ou en inspecteur entêté cuisinant Noël Roquevert dans « L’assassin habite au 21 » (1942). Il incarne idéalement Simon, le garde analphabète du Temple, dans « Le Prince au Masque Rouge » (1953) et « Marie-Antoinette » (1955).
André Cayatte, qui l’emploie à dix reprises, s’amuse à brouiller son image en lui donnant trois fois le même nom pour des emplois très différents : il fut d’abord Evariste Malingré, le paysan devenu juré dans « Justice est faite » (1950) puis le détenu Malingré, passible de la peine capitale dans « Nous sommes tous des assassins » (1952) - « une brute hurlante, obscène, dangereuse » - et enfin l’inspecteur Malingré d’ « Avant le Déluge » (1953). Qu’il fréquente « Vidocq » (1938) ou « Cartouche, Roi de Paris » (1948), Pérès semble hésiter aux frontières de la légalité, comme dans « Le furet » (1949) où il se réjouit trop vite de la mort de sa femme pour ne pas être suspect. Chef des guérilleros dans « Le fils de Caroline chérie » (1954), il gagne notre sympathie en portant le nom extraordinaire de Frégos les Papillotes. In fine, il joue dans « Les grandes gueules » (1965) un vieux délinquant en voie de réhabilitation qui se demande si sa fille voudra le revoir…
Sa moustache connaît de belles variantes : souvent réduite à un trait noir bien fourni, elle s’étoffe pour « Les otages » (1939) où il campe le conseiller municipal Tartagnac ; elle se fait bacchante pour le cafetier de « L’assassinat du Père Noël » (1941) et le merlan de « Gas-oil » (1955) ou impériale chez le brigadier de « Roger la Honte » (1945). Les rôles de geôlier, de condamné à mort et d’ecclésiastique entraînent sa suppression mais les favoris broussailleux peuvent rattraper l’affaire comme chez le directeur des Funambules des « Enfants du Paradis » (1945). Ce rôle célèbre donne bien la mesure du talent de Pérès : irrité bien sûr, fulminant, débordé, il est coléreux mais clame avec enthousiasme son amour du théâtre populaire et s’émerveille devant le talent de Frédérick Lemaître.
Le sourire coquin et le rire sonore sont parfois de la partie comme le prouvent l’aubergiste blagueur de « L’assassinat du Père Noël », le bon copain de Reggiani dans « Les amants de Vérone » ou le notable égrillard, fidèle client de la Maison Tellier dans « Le Plaisir » (1951). Mais c’est en fin de carrière que Pérès se surpasse dans ce genre grâce au Mocky des grands jours. Même lorsque ses personnages manquent totalement d’humour, il déclenche le rire dans « Un drôle de paroissien « (1963) ou « La grande frousse » (1964). Sinistre Inspecteur Virgus, il se réjouit de voir fonctionner la guillotine et lance cette phrase définitive : « Je me suis fait tout seul : je suis un no man’s land ! » Mocky le transforme en cierge dans un cauchemar de Bourvil. Il campe de vieilles ganaches comme l’inspecteur Toilu de « La grande lessive » (1968) ou le Commandant Moursson de « L’étalon » (1969) – encore excité sans doute de sa rencontre récente avec Bernadette Lafont, « La fiancée du pirate » (1969) de Nelly Kaplan. On se doute qu’il s’est bien marré à taper la belote avec Francis Blanche déguisé en jeune mariée dans « Les Compagnons de la Marguerite » (1966) ! Buñuel mettra la touche finale à ce nouveau Pérès, transformant le comédien en curé pour « La voie lactée » (1969) et lui offrant une sortie insolite dans « Le Fantôme de la Liberté » (1974) : moine bourru, Pérès joue au poker revêtu de sa robe de bure mais l’âge n’entame en rien son envie d’en découdre et il frapperait bien de sa canne les fesses du bon Michael Lonsdale ! « Il aime les coups, je vais lui en donner ! » sera sa dernière réplique à l’écran. Un mois avant la sortie du film, Marcel Pérès mourut, des suites d’une longue maladie : ses traits tirés et son visage émacié rendent particulièrement émouvantes ses dernières apparitions dans « Dernier domicile connu » (1969) ou « Mourir d’aimer » (1970).
Jean-Paul Briant