Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Andre Gabriello et Raymond Bussieres
Huguette Vivier et Pierre Fresnay
Huguette Vivier et Jean Despeaux
Maximilienne et Pierre Fresnay
Pierre Fresnay le commissaire Wens Suzy Delair Mila Malou Noël Roquevert Linz Pierre Larquey Collin Jean Tissier Lalah-Poor Odette Talazac Mme Point Marc Natol Armand, le valet de chambre Maximilienne Mlle Cuq Jean Despeaux Kid Robert Huguette Vivier Vania, l'infirmière Louis Florencie le commissaire Monet André Gabriello l'agent Pussot Raymond Bussières Jean-Baptiste Turlot, le mauvais garçon René Génin Alfred, le clochard Sylvette Saugé la « poule » du bistrot René Blancard l'inspecteur Picard Marcel Pérès l'inspecteur Ballandieu Léon Belières l'imprésario Lucien Blondeau le préfet de police Antoine Balpêtré le ministre de l'Intérieur Léon Larive le patron du bistrot Paul Barge Ernest, le garçon du bistrot Gustave Gallet Le directeur de la P.J. Guy Sloux Bob Destirac, le journaliste Maurice Marceau un homme au bistrot André Varennes le brigadier Henri Vilbert un agent Maurice Salabert un agent Évelyne Séjourné Juliette, la femme de chambre Albert Malbert le chauffeur de taxi Martial Rèbe le caissier sur le chantier Géo Forster Daniel Gélin
SCENARIO Henri-Georges Clouzot, d'après le roman de Stanislas-André Steeman ; IMAGE Armand Thirard ; MONTAGE Christian Gaudin ; SON William-Robert Sivel ; MUSIQUE Maurice Yvain ; DECORS André Andrejew ; PRODUCTION Continental-Films ;
Des crimes sont commis dans Paris par un mystérieux assassin qui détrousse ses victimes et signe ses forfaits avec des cartes de visite au nom de Monsieur Durand. Alors que le ministère met la pression sur la police judiciaire, le commissaire Wens reçoit un précieux renseignement d’un de ses anciens « client » reconverti dans la brocante : L’assassin habite au 21 de l’avenue Junot, dans une pension de famille, Les Mimosas. Wens s’y installe sous l’identité du pasteur Robert Lester et commence son enquête…
« Cruauté, cupidité, égocentrisme farouche, complicité perverse dans le crime sont quelques-unes des caractéristiques des personnages troubles et vicieux qui peuplent ce divertissement plaisant, mais assurement plus proche du vitriol que de l’eau de rose. » - Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma ; les films, 1992
Interview d' Henri-Georges Clouzot en 1970
"Notre télévision est trop timide"
IL y a un peu moins de trente ans» sortit sur les écrans parisiens « L'assassin habite au 21 », le premier film d'Henri-Georges Clouzot. En fait, cet « Assassin » était la suite d'un scénario écrit peu de temps auparavant : « Le Dernier des six. » Les personnages sont les mêmes. C'est comme « Angélique », plaisante Clouzot.
Une scène sur le cœur
« Quand un de mes films est fini, il ne m'intéresse plus, dit-il. D'abord, parce qu'au montage, je l'ai déjà vu au moins six cents fois, ensuite parce que je ne vois plus que ce qui, dedans, est manqué et que je bute toujours sur la scène qui m'est restée sur le cœur. Dans une interview, Brel a dit : « On ne demande pas à la poule de manger ses œufs ». Il a raison : le plaisir qu'on a à réaliser un film est indépendant du déplaisir qu'on peut éprouver à le regarder. A la TV, c'est pire encore, parce qu'il me semble dommage, quand on a imaginé une situation pour un grand écran, de le voir ramener à cette dimension-là. — Pourtant, intervient sa femme, Inès, tu as bien regardé « Quai des Orfèvres ». — Oui, répond-il, à cause de toi : tu voulais savoir qui était l'assassin et je l'avais oublié. C'était si peu important. On nous sert le porto que Brasilia, la domestique portugaise, a rapporté de Lisbonne. Clouzot est chaleureux, détendu, dans son nouvel appartement situé au septième étage d'un immeuble proche de la place Wagram. Dans une harmonie de marron et de blanc, au milieu de meubles modernes, une remarquable installation stéréophonique dont les bafles géants prennent des allures de sculptures, des milliers de disques et de cassettes enregistrées par le maître du logis lui-même, des magnétos, des platines professionnelles ont transformé l'appartement en un véritable temple de la musique.
B. B. n'a pas lutté
Parfaitement détendu, Clouzot ne ressemble en rien au metteur en scène qui, dit-on, n'est plus, sur un plateau de travail, que fureur et cruauté mentale. Il s'en explique, d'ailleurs, sans complexe : « Pour mettre les comédiens dans l'état d'angoisse nécessaire à la scène, il faut être angoissé soi-même. Ce qui m'importe chez le comédien, c'est qu'il « entre » dans l'état physique du personnage au moment donné. Là-dessus, je suis incapable de céder. Je ne peux pas supporter qu'on fabrique. Peu m'Importe si la colère que je réclame a d'autres motivations que celles du rôle, il suffit qu'elle soit vraie. Pour le texte, je suis plus tolérant. Que le comédien dise un mot pour un autre, je m'en moque. C'est donc à moi de le mettre en rogne ou en larmes. Avec Bardot, qui est un cas typique, tout a été très facile, elle s'est laissé totalement conditionner et sans lutte.
Plus loin dans le choc
"C'est généralement plus facile avec les femmes qu'avec les hommes. Quand vous tournez, vous êtes également préoccupé par les cinq à sept millions que vous dépensez par jour ; celui qui n'y pense pas est un fou. D'autant qu'après un film raté, on ne tourne plus. "
S'il n'aime pas revoir ses films, Clouzot n'en est pas moins le très bon spectateur des films des autres : « J'adore le cinéma pour le cinéma. Il nous arrive souvent, ma femme et moi. d'y aller trois fois dans une même journée. La télévision m'intéresse aussi. Il me semble pourtant qu'avec elle on devrait pouvoir aller beaucoup plus loin dans le choc. Elle ne s'adresse pas à un public de dix millions de téléspectateurs, mais à des petits comités de X fois deux ou trois personnes. Bénéficiant de cette intimité, on devrait pouvoir tout traiter. » Le dernier film de Clouzot, « La Prisonnière », date de deux ans. Depuis, rien. « Vous savez, dit-il, j'ai soixante-trois ans, je ne suis pas obligé de tourner. Alors je ne vois pas pourquoi j'accepterais, maintenant, de travailler dans des conditions que j'ai toujours refusées. Il faudrait que , comme Chaplin, je dispose d'un an pour faire un film.»
Suzy Delair : - Je n'arrivais pas à croire que je tournais avec Fresnay
C'était le tout début de sa carrière (notre photo). Elle était figurante depuis l'âge de seize ans, et elle avait rencontré Clouzot à vingt, mais ils ne tournèrent, ensemble, leur premier film (lui comme metteur en scène, elle en vedette) que durant l'hiver 1942-1943 : ce fut « L'assassin habite au 21 », expédié en vingt-six jours dans les studios glacés de Billancourt. Suzy Delair se souvient que son cachet se montait à 40 000 F environ et que cela lui avait permis d'acheter, chez Jacques Fath, la robe noire dont elle rêvait et d'offrir, à sa grand-mère, quelques lainages... et une peau de chat. Clouzot travaillait déjà d'une manière précise, méticuleuse, presque mathématique tous les plans de son film étaient dessinés, de sa main, sur la page de gauche de son manuscrit. Et Suzy Delair, qui tournait, pourtant, pour la deuxième fois avec Pierre Fresnay (après « Le Dernier des six »), s'émerveillait de se trouver face à un partenaire aussi prestigieux : « Je n'arrivais pas à croire que je jouais avec lui. Il fallait que je me pince... » Aujourd'hui, Suzy Delair songe à monter un nouveau tour de chant, tout comme à l'époque de « L'assassin habite au 21 », où elle chantait à Bobino et à l'Européen. Elle vient d'être, pendant cinq mois, la Périchole au théâtre de Paris, et, après des vacances à Audierne, chez Georges Van Parys, elle va probablement renouer le fil d'une car rière de music-hall : « Je n'aime pas, dit-elle, les choses faciles ; il ne reste plus qu'à trouver des chansons. »