René Génin | Naissance : 1890 Décès : 1967 | |
Si vous avez un site Internet ou un blog sur René Génin vous pouvez figurer ici en me laissant un message | Commentaire |
1934
Dédé
1934
Le Cavalier Lafleur
1935
Le crime de Monsieur Lange
1935
Jim la houlette
1936
François 1er
1936
Jenny
1936
Les bas-fonds
1937
Drôle de drame
1937
Vous n'avez rien à déclarer
1937
Un carnet de bal
1937
Le choc en retour
1938
L'accroche-coeur
1938
Quai des brumes
1938
Ramuntcho
1938
La vierge folle
1938
Les disparus de Saint-Agil
1938
Orage
1939
Raphaël le tatoué
1939
Jeunes filles en détresse
1939
Fric-Frac
1939
La charrette fantôme
1939
Le jour se lève
1940
Untel père et fils
1942
Fièvres
1942
Le journal tombe à cinq heures
1943
Goupi mains rouges
1943
La bonne étoile
1943
Pierre et Jean
1943
L'homme de Londres
1944
L'aventure est au coin de la rue
1944
La collection Ménard
1945
Paméla
1946
Jericho
1946
Le bateau à soupe
1946
La rose de la mer
1947
Le village perdu
1951
La table aux crevés
1951
Piédalu à Paris
1951
Le garçon sauvage
1952
La minute de vérité
1952
Le fruit défendu
1952
Brelan d'as
1953
Quand te tues-tu ?
1953
La route Napoléon
1954
Cadet Rousselle
1955
Le dossier noir
1956
Si Paris nous était conté
1959
Classe tous risques
1960
Crésus
1961
La chambre ardente
1961
Cocagne
1962
Mon oncle du Texas
1962
La salamandre d'or
1963
Judex
1964
Cent briques et des tuiles
1964
Hortense Schneider
1965
Les cinq de...
Napoléon est...
1965
Frédéric le gardian
1967
Quand la li...
Le colis perdu
1970
Maurin des Maures
René GÉNIN
Précipité sur scène à trois ans, René Génin suivit sur les routes la troupe de ses parents, comédiens ambulants qui animaient les places des villes et villages à une époque où le théâtre était une distraction populaire. Devenu le chef de la compagnie, René se lance lui-même dans l’écriture d’œuvrettes sans prétention aux titres explicites comme « Les embêtements du ménage » ou « La folle par amour ». Après la première guerre mondiale, il reprend son métier de plus belle et décide de monter à Paris où il peaufinera sur scène les compositions cocasses qui seront sa marque de fabrique dès ses débuts au cinéma. Episodiquement, on le reverra sur les planches puisqu’il tient un rôle important dans « Vogue la galère » de Marcel Aymé en 1951, année où Pierre Dux le dirige dans « Le sabre de mon père ». Il paraît encore en 57 auprès de Madeleine Robinson, une « Adorable Julia », et en 59 dans « La collection Dressen » mais, à partir de 1931, Génin est avant tout acteur de cinéma.
Son premier film, « L’amour à l’américaine » (1931), est suivi de toute une série de courts métrages aux titres probablement plus comiques que les films eux-mêmes : « En zinc sec » ou « Quatre à Troyes » ; dans « Le centenaire » (1934), Noël-Noël joue le rôle principal mais très vite c’est Génin qui prend un coup de vieux. Il faut bien dire - comme le lui fait remarquer Gilbert Gil dans « Pierre et Jean » (1943) - qu’il a nettement tendance à se déplumer. Bon copain de Fernandel dans « Ferdinand le noceur » (1935), il essaie bien de vendre des pilules de jouvence mais cela n’aura aucun impact sur sa carrière : affublé d’une perruque et d’une longue barbe blanches, on lui donne facilement 70 ans lorsqu’il philosophe au milieu des réprouvés qui hantent « Les bas-fonds » (1936). Du coup, quinze ans plus tard, il n’a guère changé dans « Juliette ou la clef des songes » (1950) lorsque, par antiphrase, il campe le Père La Jeunesse. En 1939, il écope d’une fille célibataire jouée par Héléna Manson qui n’a que huit ans de moins que lui. Dans « La charrette fantôme » (1939) où il fréquente la soupe populaire de l’Armée du Salut, on l’appelle carrément le Père Eternel ! A jamais décalé dans le temps, il conduit « Sous le ciel de Paris » (1950) un fiacre au milieu des voitures...
La dimension comique du personnage apparaît très vite lorsque Raimu en fait son souffre-douleur, qu’il soit un laborantin empoté dans « Vous n’avez rien à déclarer ? » (1936) ou l’adjoint au maire de « Carnet de bal » (1937). « Les jumeaux de Brighton » (1936) lui donne l’occasion de briller en frotteur de parquet dont « l’encoustique ne chèche pas assez vite ». Il faut réserver un sort particulier à son long compagnonnage avec Fernandel, où René Génin sera un comparse brillant, parfois plus drôle que la vedette. « Le cavalier Lafleur » (1934) et « Jim la houlette » (1935) seront les premiers jalons d’une amitié qui se poursuivra jusqu’au « Crésus » (1960) de Giono. Entre temps, « François 1er » (1937) présente deux Génin pour le prix d’un, avec deux accents différents à la clé : le forain italien Cascaroni et l’aubergiste d’Amboise natif de Marseille. Il n’a pas vraiment le physique d’un Roméo mais c’est bien le prénom du cousin de « Raphaël le Tatoué » (1938) ; quant au sourd-muet d’« Ernest le rebelle » (1938), il s’appelle Démosthène et finit donc logiquement par retrouver la parole. Petit employé amoureux de la fille du patron dans « Fric-frac » (1939), il pense pouvoir rivaliser avec Fernandel mais Hélène Robert ne prend pas garde à ce vieux rond-de-cuir. Après guerre, l’association reprend de plus belle avec « Tu m’as sauvé la vie » (1950), « La loi, c’est la loi » (1957) et quatre films signés Henri Verneuil dont « La table aux crevés » (1951) et « Le fruit défendu » (1952).
Sympathique vieux garçon, il semble le protecteur des jeunes gens comme Tino Rossi dans « Fièvres » (1941) où il finit tout de même par épouser Ginette Leclerc. Dans « Le journal tombe à cinq heures » (1942), il se fait mousser auprès de la débutante Marie Déa. Geôlier de la prison du Temple, il offre un oiseau en cage au petit Louis XVII dans « Paméla » (1944) ou, gardien du tombeau de Juliette, s’attendrit sur l’amour naissant de Serge Reggiani et Anouk Aimée, « Les amants de Vérone » (1948). Marié pour une fois, il découvre qu’il aime tendrement son épouse lorsque, simple cordonnier de « Jéricho » (1945), il est pris en otage par la gestapo. Un de ses rôles les plus fameux reste celui du père Maxence, surveillant malmené par les élèves échappés de « La cage aux rossignols » (1944), qui cache son bon cœur sous un air bourru. Cuistot breton sur « Le bateau à soupe » (1946), il veille comme une nounou sur un capitaine bourru joué comme il se doit par Charles Vanel. A contre-emploi, on le dit « franc comme un scorpion » en Goupi-Dicton dans « Goupi Mains Rouges » (1942) juste avant de le retrouver en maître-chanteur et assassin des « Caves du Majestic » (1944). Professeur de musique pour « Les disparus de Saint-Agil » (1938), il a tout l’air d’un oiseau de mauvais augure prompt à débiner ses collègues surtout s’ils sont étrangers car « c’est toujours avec les étrangers que nous aurons la guerre… » Lorsque « Les gosses mènent l’enquête » (1946), le concierge ivrogne du pensionnat ne semble pas très catholique si l’on en croit l’affiche où apparaît son visage aviné. L’ancien capitaine de « La maison sous la mer » (1947) dévoile les ragots du village dans son délire alcoolisé au grand désespoir de sa toute jeune fille, jouée par Anouk Aimée dans son premier rôle. Un penchant certain pour la boisson accompagne aussi le vagabond de « L’homme de nulle part » (1936), le professeur peu reluisant de « L’entraîneuse » (1938) et surtout le clochard de « L’assassin habite au 21 » (1942) qui gagne à la loterie pour se faire aussitôt assassiner. La composition est si réussie que Bernard-Roland en propose très vite une copie dans « La collection Ménard » (1943).
« On y rit, on ira ! » : telle était l’injonction d’Emile Couzinet mais René Génin eut la sagesse de ne le fréquenter que le temps d’un film-calembour, « Quand te tues-tu ? » (1952), préférant ralentir son activité au milieu des années 50. Il est vrai que son palmarès était déjà éloquent puisqu’il avait paru à plusieurs reprises chez de grands cinéastes comme Renoir ou Duvivier. Marcel Carné l’avait repéré dès « Jenny » (1936) avant d’en faire le balayeur goguenard de « Drôle de drame » (1937) et le concierge du « Jour se lève » (1939) ; médecin du bord dans « Quai des brumes » (1938), il permet à Gabin de rêver un moment à une nouvelle vie. Dans « Le trésor de Cantenac » (1949), Sacha Guitry le gratifie d’un double rôle, celui de frères jumeaux et ennemis, curé et maire du même village. Ce sont d’ailleurs ses deux emplois de prédilection : il était déjà curé dans « Ramuntcho » (1937) ou « Le voyageur sans bagage » (1943) et maire dans « La ferme des sept péchés » (1948) ; on le retrouvera en maire dans « Le mouton à cinq pattes » (1954) puis en curé dans « La route Napoléon » (1953) et « Cadet Rousselle » (1954). Greffier bien fatigué dans « Le dossier noir » (1955) d’André Cayatte, il tournera encore une douzaine de films jusqu’en 1964, avec de belles prestations dont « Classe tous risques » (1959) de Claude Sautet et deux seconds rôles pour Georges Franju dans « Les yeux sans visage » (1959) et « Judex » (1963).
Disparu en octobre 1967, René Génin avait joué pour la dernière fois à la télévision deux ans plus tôt : dans « Napoléon est mort à Saint-Mandé » - un épisode des « Cinq dernières minutes » - il campe l’homme à tout faire d’une institution scolaire racontant au Commissaire Bourrel comment il a découvert le cadavre de son directeur. Comme au bon vieux temps des « Disparus de Saint-Agil » ou de « La cage aux rossignols », il traînait encore dans les couloirs des collèges avec cet accent chantant qui faisait sourire les pensionnaires…
Jean-Paul Briant