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Distribution :
Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves.
En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Images du film :
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Document sans nom
Jean Gabin François Arletty Clara Jacqueline Laurent Françoise Jules Berry M. Valentin Bernard Blier Gaston Marcel Pérès Paulo Mady Berry la concierge René Génin le concierge Georges Douking l'aveugle Jacques Baumer le commissaire Arthur Devère M. Gerbois Gabrielle Fontan la vieille dame dans l'escalier René Bergeron le patron du café Albert Malbert un voisin Léonce Corne un voisin Robert Le Ray le barman Marcel Melrac un agent Georges Gosset un agent Marcel Rouzé un agent Maurice Salabert un agent Max Rogerys un agent Annie Carriel une locataire Germaine Lix la chanteuse André Nicolle Guy Rapp Madeleine Rousset Claude Walter Henry Farty
Document sans nom
SCENARIO Jacques Viot ; ADAPTATION et DIALOGUES Jacques Prévert ; IMAGES Curt Courant ; MONTAGE René Le Hénaff ; MUSIQUE Maurice Jaubert ; DECORS Alexandre Trauner ; PRODUCTION Productions Sigma ;
Un coup de feu retentit dans un immeuble. François, un ouvrier sans histoire, vient d’abattre un homme. Enfermé dans sa chambre, assiégé par la police, il revit les l’enchaînement fatal qui l’a conduit à devenir un meurtrier…
« Ce scénario original de Jacques Viot adapté et dialogué par Jacques Prévert a permis à Marcel Carné de réaliser le chef-d‘œuvre de l‘école du « réalisme poétique« d‘avant-guerre. (…) le réussite de l‘ensemble tient à la réunion d‘une équipe magistrale, et le climat d‘envoûtement propre au film naît d‘une osmose étroite entre les leitmotive musicaux de Maurice Jaubert accompagnant les lents fondus enchaînés, la lumière crépusculaire de Curt Courant et, plus essentiellement encore, le décor construit en studio, véritable quintessence de l’urbanisme parisien populaire de l’ avant-guerre. » - Michel Marie, Dictionnaire mondial des films, Larousse, 1991.
« C‘est l‘apogée du film de studio où tout est reconstitué, mesuré au millimètre, tiré au cordeau pour produire l’effet et l’émotion recherchés (…) Cette méthode et ce soin sont propices à exprimer une certaine idée de la fatalité, qui est le sujet du film. Alors que chez Renoir, dans TONI par exemple, la tragédie jaillit à l’improviste comme d’un trop-plein, d’un débordement d’émotion et de passion dans le cœur de l’homme et correspond alors à une sorte de manifestation ultime de liberté chez le personnage, la fatalité sociale mise en place par Carné et Prévert ne laisse aucune chance au protagoniste. Ses actes sont pour ainsi dire programmés (…) Pour ajouter du poids à cette fatalité, Carné innova en racontant son histoire à l’aide d’un trio de flash-backs (…) Le pessimisme à peine prophétique et tout simplement « en situation » de l’œuvre, son romantisme noir déplurent à une bonne partie de la critique (…) Mais la perfection indiscutable de l’œuvre lui conféra en peu de temps le statut, jamais remis en question, de classique du cinéma français (…) Durant cette époque, la plus riche de son histoire, le cinéma français se trouve constamment au cœur et même à l‘avant-garde des principales recherches esthétiques mondiales » - Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma ; Les Films coll. Bouquins, 1992.
Carné-Prévert-Gabin
Après le succès de QUAI DES BRUMES, Carné signe un contrat pour tourner un nouveau film avec Jean Gabin. Celui-ci propose d’adapter le roman de Pierre-René Wolf MARTIN ROUMAGNAC dont il a acquis les droits. Carné est réticent, Prévert catégorique : « si Gabin et toi voulez tourner ça, vous le tournerez sans moi. ». Prévert travaille sur une histoire de gangsters, sans parvenir à boucler son scénario.
Un scénario dans l’escalier
Dans son recueil de souvenirs LA VIE A BELLES DENTS Marcel Carné raconte de quelle manière singulière le projet du JOUR SE LEVE est alors arrivé à lui :
« Je reçus un coup de téléphone qui allait tout changer :
-Je suis votre voisin de palier… disait la voix au bout du fil… J’aimerais vous entretenir d’une idée de film que j’ai eue… (…)
J’avais vaguement entendu parler de ce voisin par des amis communs. Ils m’avaient décrit la véritable vie d’aventurier qu’il avait connue, et aussi la passion qui le dévorait pour les peintres dits « Naïfs », dont il faisait d’ailleurs commerce. Cependant, il n’avait jamais été question de cinéma… (…) Je demandai à mon correspondant de traverser le palier afin de venir s’entretenir avec moi.
-Jacques Viot, s’annonça-t-il en se présentant.
Allant droit au but, il me fit savoir qu’il avait écrit un synopsis de quelques pages. Oh ! Il en avait écrit d’autres beaucoup d’autres, une quantité d’autres, mais il pensait que celui-là contenait une idée susceptible de m’intéresser… D’ailleurs, il avait apporté le synopsis avec lui…
Il sortait alors de sa poche trois feuillets, pas un de plus, un peu chiffonnés et jaunis…
Lisez, me dit-il… Ce ne sera pas long…
Assez incrédule, je pris le papier qu’il me tendait : le texte faisait deux pages et demie…
Mon interlocuteur, sur ce point du moins ne m’avait pas menti : ce ne serait pas long… La seule différence entre nous était que nous ne donnions probablement pas le même sens à la phrase…
Quelques minutes plus tard, je reposai avec lenteur le papier sur la table… Je venais d’avoir le coup de foudre…
Non pas pour l’intrigue proprement dite : elle était à peu près inexistante, ou plutôt manquait totalement de consistance, mais par la manière dont elle était construite. En effet, pour la première fois dans l’histoire du cinéma, elle commençait par la fin et se déroulait à la faveur de retours en arrière, sorte de visions du héros sur son passé et sur les raisons qui l’avaient poussé à faire de lui un meurtrier.
Je crois avoir montré que je suis l’homme des emballements prompts. A dater de cette minute, j’avais décidé de porter à l’écran sans plus tarder, LE JOUR SE LEVE, puisque tel était le titre du synopsis que je venais de lire… »
Une éclipse de soixante-dix ans
LE JOUR SE LEVE sort en juin 1939. La déclaration de guerre vient troubler la carrière du film avant que la censure du régime de Vichy ne lui porte un coup fatal. Des scènes sont coupées (un plan bref où l’on voit Arletty nue sous la douche, une séquence où la police se montre sous un aspect fascisant), puis le film, jugé « trop démoralisant », est interdit.
En 2013, STUDIOCANAL et le laboratoire ECLAIR lancent la restauration du film. Un appel aux cinémathèques du monde entier, relayé par la Fédération Internationale des Archives du Film, est lancé pour retrouver les scènes manquantes. Les cinémathèques de Milan et de Bruxelles répondent positivement
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Jacqueline Laurent et Jean Gabin
Jean Gabin et Jacqueline Laurent
Jules Berry Jean Gabin et Arletty
Jean Gabin François Arletty Clara Jacqueline Laurent Françoise Jules Berry M. Valentin Bernard Blier Gaston Marcel Pérès Paulo Mady Berry la concierge René Génin le concierge Georges Douking l'aveugle Jacques Baumer le commissaire Arthur Devère M. Gerbois Gabrielle Fontan la vieille dame dans l'escalier René Bergeron le patron du café Albert Malbert un voisin Léonce Corne un voisin Robert Le Ray le barman Marcel Melrac un agent Georges Gosset un agent Marcel Rouzé un agent Maurice Salabert un agent Max Rogerys un agent Annie Carriel une locataire Germaine Lix la chanteuse André Nicolle Guy Rapp Madeleine Rousset Claude Walter Henry Farty
SCENARIO Jacques Viot ; ADAPTATION et DIALOGUES Jacques Prévert ; IMAGES Curt Courant ; MONTAGE René Le Hénaff ; MUSIQUE Maurice Jaubert ; DECORS Alexandre Trauner ; PRODUCTION Productions Sigma ;
Un coup de feu retentit dans un immeuble. François, un ouvrier sans histoire, vient d’abattre un homme. Enfermé dans sa chambre, assiégé par la police, il revit les l’enchaînement fatal qui l’a conduit à devenir un meurtrier…
« Ce scénario original de Jacques Viot adapté et dialogué par Jacques Prévert a permis à Marcel Carné de réaliser le chef-d‘œuvre de l‘école du « réalisme poétique« d‘avant-guerre. (…) le réussite de l‘ensemble tient à la réunion d‘une équipe magistrale, et le climat d‘envoûtement propre au film naît d‘une osmose étroite entre les leitmotive musicaux de Maurice Jaubert accompagnant les lents fondus enchaînés, la lumière crépusculaire de Curt Courant et, plus essentiellement encore, le décor construit en studio, véritable quintessence de l’urbanisme parisien populaire de l’ avant-guerre. » - Michel Marie, Dictionnaire mondial des films, Larousse, 1991.
« C‘est l‘apogée du film de studio où tout est reconstitué, mesuré au millimètre, tiré au cordeau pour produire l’effet et l’émotion recherchés (…) Cette méthode et ce soin sont propices à exprimer une certaine idée de la fatalité, qui est le sujet du film. Alors que chez Renoir, dans TONI par exemple, la tragédie jaillit à l’improviste comme d’un trop-plein, d’un débordement d’émotion et de passion dans le cœur de l’homme et correspond alors à une sorte de manifestation ultime de liberté chez le personnage, la fatalité sociale mise en place par Carné et Prévert ne laisse aucune chance au protagoniste. Ses actes sont pour ainsi dire programmés (…) Pour ajouter du poids à cette fatalité, Carné innova en racontant son histoire à l’aide d’un trio de flash-backs (…) Le pessimisme à peine prophétique et tout simplement « en situation » de l’œuvre, son romantisme noir déplurent à une bonne partie de la critique (…) Mais la perfection indiscutable de l’œuvre lui conféra en peu de temps le statut, jamais remis en question, de classique du cinéma français (…) Durant cette époque, la plus riche de son histoire, le cinéma français se trouve constamment au cœur et même à l‘avant-garde des principales recherches esthétiques mondiales » - Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma ; Les Films coll. Bouquins, 1992.
Carné-Prévert-Gabin
Après le succès de QUAI DES BRUMES, Carné signe un contrat pour tourner un nouveau film avec Jean Gabin. Celui-ci propose d’adapter le roman de Pierre-René Wolf MARTIN ROUMAGNAC dont il a acquis les droits. Carné est réticent, Prévert catégorique : « si Gabin et toi voulez tourner ça, vous le tournerez sans moi. ». Prévert travaille sur une histoire de gangsters, sans parvenir à boucler son scénario.
Un scénario dans l’escalier
Dans son recueil de souvenirs LA VIE A BELLES DENTS Marcel Carné raconte de quelle manière singulière le projet du JOUR SE LEVE est alors arrivé à lui :
« Je reçus un coup de téléphone qui allait tout changer :
-Je suis votre voisin de palier… disait la voix au bout du fil… J’aimerais vous entretenir d’une idée de film que j’ai eue… (…)
J’avais vaguement entendu parler de ce voisin par des amis communs. Ils m’avaient décrit la véritable vie d’aventurier qu’il avait connue, et aussi la passion qui le dévorait pour les peintres dits « Naïfs », dont il faisait d’ailleurs commerce. Cependant, il n’avait jamais été question de cinéma… (…) Je demandai à mon correspondant de traverser le palier afin de venir s’entretenir avec moi.
-Jacques Viot, s’annonça-t-il en se présentant.
Allant droit au but, il me fit savoir qu’il avait écrit un synopsis de quelques pages. Oh ! Il en avait écrit d’autres beaucoup d’autres, une quantité d’autres, mais il pensait que celui-là contenait une idée susceptible de m’intéresser… D’ailleurs, il avait apporté le synopsis avec lui…
Il sortait alors de sa poche trois feuillets, pas un de plus, un peu chiffonnés et jaunis…
Lisez, me dit-il… Ce ne sera pas long…
Assez incrédule, je pris le papier qu’il me tendait : le texte faisait deux pages et demie…
Mon interlocuteur, sur ce point du moins ne m’avait pas menti : ce ne serait pas long… La seule différence entre nous était que nous ne donnions probablement pas le même sens à la phrase…
Quelques minutes plus tard, je reposai avec lenteur le papier sur la table… Je venais d’avoir le coup de foudre…
Non pas pour l’intrigue proprement dite : elle était à peu près inexistante, ou plutôt manquait totalement de consistance, mais par la manière dont elle était construite. En effet, pour la première fois dans l’histoire du cinéma, elle commençait par la fin et se déroulait à la faveur de retours en arrière, sorte de visions du héros sur son passé et sur les raisons qui l’avaient poussé à faire de lui un meurtrier.
Je crois avoir montré que je suis l’homme des emballements prompts. A dater de cette minute, j’avais décidé de porter à l’écran sans plus tarder, LE JOUR SE LEVE, puisque tel était le titre du synopsis que je venais de lire… »
Une éclipse de soixante-dix ans
LE JOUR SE LEVE sort en juin 1939. La déclaration de guerre vient troubler la carrière du film avant que la censure du régime de Vichy ne lui porte un coup fatal. Des scènes sont coupées (un plan bref où l’on voit Arletty nue sous la douche, une séquence où la police se montre sous un aspect fascisant), puis le film, jugé « trop démoralisant », est interdit.
En 2013, STUDIOCANAL et le laboratoire ECLAIR lancent la restauration du film. Un appel aux cinémathèques du monde entier, relayé par la Fédération Internationale des Archives du Film, est lancé pour retrouver les scènes manquantes. Les cinémathèques de Milan et de Bruxelles répondent positivement
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