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  •  Sinoël  

      Naissance : 1868   Décès : 1949   Partager cette page sur Facebook :
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    Jean SINOËL

    Fils d’un tonnelier, Jean Léonis Biès se lance très jeune dans la vie active, pratiquant les métiers les plus inattendus – garçon de courses, peintre en bâtiment et même portefaix, ce qui ne peut que nous surprendre, étant donné son gabarit ! Pour ses débuts au café concert, en 1893, il inverse les lettres de son second prénom et adopte le pseudonyme de Sinoël. Son répertoire ? Les succès d’Ouvrard, célèbre comique troupier du moment. Sa petite taille (1,53m), sa voix haut perchée et son débit saccadé le prédisposent aux emplois comiques. Dans les années 1910, il enregistre sur 78 tours des monologues et couplets que l’on rêve d’écouter tant les titres amusent : « J’ai des Apaches dans la maison », « Si qu’on saurait » ou « Je suis un petit cochon ». Il déploie son talent sur toutes les scènes parisiennes, partageant l’affiche des Folies Bergères ou du Moulin Rouge avec Mistinguett ou Dranem, avant de se spécialiser dans le vaudeville. Ses partenaires au théâtre seront, entre autres, Max Dearly, Raimu ou Harry Baur. On le dit irrésistible dans les personnages les plus improbables, comme celui de Mohamed Ben Ali dans « Couss Couss » de Georges Van Parys en 1931.

    La même année, Sinoël découvre le cinéma : il a déjà 63 ans. Rattrapant son retard, il tourne en moyenne 15 films par an de 1933 à 1937. Lorsqu’il disparaît en 1949, il aura sautillé allègrement dans 140 films. « Le petit vieux », « le vieux forain », « le vieux client » : la liste de ses personnages est révélatrice. Beaucoup de rôles sont épisodiques et la grande majorité des films ne risque pas de passer à la postérité mais « Faut réparer Sophie » (1933), « Le nudiste des Champs Elysées » (1935) ou « Ma tante dictateur » (1939) permettent à Sinoël de surgir plaisamment en agité du bocal ou en vieux lutin au détour d’une bobine souvent signée René Pujol ou Willy Rozier. Lorsqu’il est tête d’affiche, c’est de courts métrages : il joue un clochard nommé « Zizi » en 1935 et, onze ans plus tard, le voilà en Hercule dans « A la fête » et « Hercule au baptême » ! Heureusement, René Clair, Marcel Carné, Pierre Chenal ou Jean Grémillon l’ont aussi choisi : dans « Le dernier milliardaire » (1934), il est premier ministre du royaume de Casinario ; Jacques Prévert lui écrit quelques belles scènes : ainsi, dans « Drôle de drame » (1937), il est un gardien de prison aux idées larges qui, pour trois shillings, permet à Jean-Pierre Aumont d’embrasser son amoureuse ; au début de « Remorques » (1939), il s’exclame, philosophe : « Il ne peut pas faire vilain tous les jours, ce serait trop beau ! » En 1946, on le retrouve en tête de distribution de « Voyage surprise », réalisé par Pierre Prévert : il y campe avec malice le grand-père Piuff, menant son autobus vers les routes de Strombolie.

    « L’homme de nulle part » (1934) de Pierre Chenal lui attribue le rôle de Paleari, directeur de la pension romaine où se réfugie Pierre Blanchar ; menacé de la ruine par un aigrefin, il s’adonne pourtant avec gourmandise au spiritisme. Père Lorgnette dans « Hercule » (1938), Père Labiche dans « Les otages » (1938) et grand-père de « La famille Duraton » (1939), il se retrouve à la même époque auprès d’une fameuse bande d’allumés nommés Max Dearly, Saturnin Fabre ou André Lefaur dans « Ils étaient neuf célibataires » (1939) : transformé par Sacha Guitry en vieux voleur marié à une jeune artiste chinoise, il surgit en plein milieu du spectacle et se lance dans un pas de deux désopilant qui déclenche l’enthousiasme du public. Christian-Jaque, lui aussi, apprécie sa capacité à transformer un second rôle en emploi de premier plan : dans « François 1er » (1937), Sinoël, revêtu d’un drap blanc, joue l’irrésistible fantôme Jules, à la recherche depuis 250 ans des restes de sa femme - assassinée au retour de Croisade pour lui avoir servi de la chicorée cuite ! Fanatique de belotte que rien ne peut troubler, pas même « L’assassinat du Père Noël » (1941), il incarne Follenvie, l’aubergiste asthmatique de « Boule de Suif » (1945), prompt à verser à boire aux « têtes à vin » comme celle de M. Loiseau ; Gabrielle Fontan, qui joue son épouse, nous fait bien rire lorsqu’elle affirme redouter les colères de cette « brute » ! Mais c’est dans « Sortilèges » (1944) qu’il nous réserve sa composition la plus inattendue en paysanne centenaire et sourdingue.
     
    A la fin de sa vie, Sinoël devient vraiment sourd mais n’en perd pas pour autant son humour : au contraire, il s’amuse à paraître muni de son cornet acoustique dans « Monsieur chasse » (1946) et « Le voleur se porte à bien » (1947). Il joue Dagobert, le vieux clerc de notaire de « Mademoiselle Béatrice » (1942), poussé à l’alcoolisme par l'agitation de Louise Carletti. Sur l’affiche du « Couple idéal » (1945), on peut le voir en horloge ambulante coiffée d’un bonnet de nuit, prouvant ainsi qu’il ne renonça jamais à la loufoquerie. Garde-champêtre au village de « Plume la Poule » (1946), il danse une gambille effrénée avec un tendron. Le coiffeur de Simone Signoret dans « Impasse des deux anges » (1948) avoue pourtant avoir passé l’âge de la gaudriole. A 80 ans, Sinoël paraît encore deux minutes dans « La dame d’onze heures » (1948) de Jean Devaivre et dans « Quai des Orfèvres » (1947) où Clouzot le croque en vieux journaliste nostalgique de la grande époque, celle de Landru et de la bande à Bonnot. Par un clin d’œil du destin, c’est justement au cimetière de Bagneux, non loin de Jules Bonnot, qu’il sera enterré.

    Jean-Paul Briant

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    1 Commentaire

    Quipic

    Date : 20-03-2024 Heure : 19:12:07



    Merci pour ce passionnant récit de la carrière peu ordinaire d'un vrai talent, un de nos grands seconds rôles. Détail à rectifier, Voyage Surprise se passe en France et non en Strombolie, pays qui est le sujet central du film mais pas son théâtre.