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  • Jean Dasté

    Naissance : 1904
    Décès : 1994
     
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    Jean DASTÉ 

    Lorsqu’Ariane Mnouchkine recherche le comédien idéal pour incarner le malicieux grand-père du jeune « Molière » (1978), qui pouvait-elle engager sinon Jean Dasté, incarnation paternelle et bienveillante de l’amour du théâtre pour toute une génération de comédiens et de metteurs en scène ? De fait, si peu d’acteurs peuvent se prévaloir d’une filmographie aussi prestigieuse - sur 38 films seulement, la moitié au moins sont des œuvres essentielles - Jean Dasté est d’abord un grand nom du théâtre, un pionnier de la décentralisation. Il rencontre son maître Jacques Copeau en 1922 au Vieux-Colombier et le suit en Bourgogne dans l’aventure des « Copiaus » - selon le nom donné aux disciples de Copeau. Lorsqu’il prend son envol, il fonde en 1937 la Compagnie des Quatre Saisons, en 1945 les Comédiens de Grenoble puis, deux ans plus tard, la Comédie de Saint-Etienne. Comme Jean Vilar, il prend le parti d’un théâtre populaire, accessible au plus grand nombre, jouant aussi bien les miracles médiévaux que « Le médecin malgré lui » de Molière ou « Le Cercle de Craie Caucasien » de Brecht dont il fut le créateur en France. Cette vie d’artiste modeste, tout entière consacrée au théâtre, ne sera pas toujours reconnue par les politiques : c’est ainsi qu’en 1968 la municipalité de Saint-Etienne refuse de lui donner la direction de la toute nouvelle Maison de la Culture...

    Il tourne une dizaine de films dans les années 30, tous des classiques à commencer par « Boudu sauvé des eaux » (1932) où il apparaît brièvement en étudiant fréquentant la librairie de Charles Granval. Jean Vigo le choisit pour le rôle du pion, seul adulte sympathique de son « Zéro de conduite » (1933). Aussitôt adopté par le cinéaste, il se voit confier un premier rôle, celui du jeune marinier de « L’Atalante » (1934) fou d’amour pour Dita Parlo. Bien sûr, l’écrasante composition de Michel Simon en Père Jules a tendance à le faire passer au second plan, mais c’est bien lui qui mène le mythique chaland qui passe. « Fais pas de théâtre » lui disait Vigo lorsqu’il avait tendance à en faire un peu trop : la leçon retenue, son jeu sobre le rend aussi crédible en ouvrier d’imprimerie dans « Le crime de Monsieur Lange » (1935) qu’en instituteur dans « La vie est à nous » (1936), deux films de Renoir où circule l’esprit du Front Populaire, comme dans « Le temps des cerises » (1938) de Le Chanois. Prisonnier du stalag dans « La grande illusion » (1937), il hérite de compagnons prestigieux mais, même face au redoutable Carette, il nous amuse, la pipe au bec, une collerette de Pierrot autour du cou, lorsqu’il avoue que la guerre l’a fait cocu. C’est déjà la fin de ce premier entracte cinématographique puisqu’on ne le voit plus qu’en radio dans « Remorques » (1940) ou en raccommodeur de porcelaine dans « Adieu Léonard » (1943), deux scénarios de l’ami Prévert. A noter tout de même sa participation aux « Croisières sidérales » (1941) d’André Zwobada dans le rôle cocasse de M. Pépin, un vieil excentrique qui râle du début à la fin de son aventure intergalactique.

    La Comédie de Saint-Etienne accapare Dasté qui disparaît des écrans pendant vingt ans. Lorsqu’il réapparaît, il approche les soixante ans, sa silhouette s’est épaissie, son crâne est dégarni : le temps des ouvriers et des instits est révolu et le voilà prêt à incarner les directeurs d’usine ou les grands pontes de la médecine mais aussi quelques figures plus inquiétantes comme celle d’Illya Coste dans « Z » (1968) de Costa-Gavras. Alain Resnais avec « Muriel » (1962) ou « La guerre est finie » (1965), François Truffaut avec « L’enfant sauvage » (1969) posent les jalons de cette nouvelle carrière : Dasté devient une figure du cinéma d’auteur des années 70 et 80, de « L’homme qui aimait les femmes » (1976) à « Mon oncle d’Amérique » (1980). Pour « La chambre verte » (1977) et « L’amour à mort » (1984), il se met au diapason de deux beaux films funèbres mais il aime aussi retrouver le cinéma plus confidentiel de Guy Gilles ou Iradj Azimi, qui lui offre la tête d’affiche d’un premier film méconnu, « Les jours gris » (1974). Du coup, on est presque surpris de le croiser dans un film grand public comme « Le corps de mon ennemi » (1976) et encore davantage dans « Rue du Pied-de-Grue » (1979), comédie loufoque qui le montre en vieil alcoolique nommé Tonton, complice de beuverie de Philippe Noiret. L’une de ses apparitions les plus frappantes sera le rôle émouvant du père de Nathalie Baye, paralysé et muré dans son silence, dans « Une semaine de vacances » (1980) de Bertrand Tavernier.

    Jean Dasté fut l’époux pendant un demi-siècle de la comédienne Marie-Hélène Dasté, fille de Jacques Copeau. Leur fille, Catherine, perpétua la tradition familiale en devenant comédienne et metteur en scène. Par un juste retour des choses, le nom de Jean Dasté vit encore aujourd’hui à Saint-Etienne au fronton d’un théâtre et d’un collège...  

    Jean-Paul Briant

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