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  •  Valentine Tessier  

      Naissance : 1892   Décès : 1981   Partager cette page sur Facebook :
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    Valentine TESSIER 

    Par un « hasard extraordinaire », comme elle le raconta elle-même, ses parents, russes émigrés, se rencontrent à Paris où elle est élevée dans une ambiance bohème. Sa vocation naît à la lecture d’« Athalie » : elle a quatorze ans et rêve de grands rôles tragiques. Miracle, elle réussit son audition devant Jacques Copeau qui l’intègre à la troupe du Vieux-Colombier : en 1914, elle joue Grouchenka dans « Les frères Karamazov » avec Dullin et Jouvet. Plus tard, elle sera Célimène dans « Le misanthrope ». A cette époque, elle a déjà débuté à l’écran sous la direction de Camille de Morlhon dans une série de bandes muettes tournées vers 1911 en Algérie sous des titres surannés comme « Vengeance kabyle », « La fiancée du spahi », « La haine de Fatimeh » ou « La belle princesse ». Ajoutons-y une adaptation de « Britannicus » (1912) et voilà toute sa carrière de jeune première de cinéma. En 1917, elle rejoint Jacques Copeau à New York et joue Musset, Molière et Marivaux. A son retour, Louis Jouvet la met en scène dans « Le Carrosse du Saint-Sacrement » de Mérimée. Elle crée à ses côtés deux œuvres célèbres de Marcel Achard, « Jean de la Lune » en 1929 et « Domino » en 1932. Jean Giraudoux écrit pour elle deux beaux personnages : elle sera Alcmène, la mortelle aimée de Jupiter dans « Amphitryon 38 » (1929), et Isabelle, l’institutrice rêveuse d’« Intermezzo » (1933). A chaque fois, les éloges pleuvent : elle est « la grâce, la finesse, la féminité tendre ».

    A l’exception d’une apparition en cliente à la belle allure dans « Un chapeau de paille d’Italie » (1927) de René Clair, le cinéma semble le cadet de ses soucis. Il faudra l’insistance de Jean Renoir pour qu’elle y revienne, sans trop de conviction : ce sera « Madame Bovary » (1933), un premier rôle auprès de son ancien compagnon, Pierre Renoir, mais un échec public. Si son metteur en scène la trouve « délicieuse, vraiment adorable », Valentine est épouvantée de se voir sur grand écran. Abel Gance l’anoblit dans « Jérôme Perreau » (1935) où elle joue Madame de Chevreuse. Solide second rôle auprès de Danielle Darrieux dans « Club de femmes » (1936) et « Abus de confiance » (1937), elle campe une aimable capitaine de l’Armée du salut dans « La charrette fantôme » (1939) et l’épouse résignée d’un sinistre directeur de prison dans « Le lit à colonnes » (1942).

    Après guerre, le théâtre reprend ses droits avec « Lucienne et le boucher », une création truculente de Marcel Aymé. Elle ne cesse alors de paraître sur les planches. En 1961, Luchino Visconti en fait l’entremetteuse de « Dommage qu’elle soit une putain » avec Alain Delon et Romy Schneider, avant un dernier rôle prestigieux dans « La visite de la vieille dame » en 1967. « Justice est faite » (1950), où elle joue Marceline Micoulin, l’antiquaire qui siège aux assises, donne un nouveau départ à sa carrière cinématographique. Tout au long des années 50, elle jouera volontiers les grandes dames comme Simone de Tainchebraye, la mère de Jean Marais alias « Nez de Cuir » (1951), Aloyse de Gondelaurier dans « Notre-Dame de Paris » (1956) ou, dans « Lucrèce Borgia » (1953), la sensuelle Julie Farnèse, tuée sauvagement sur ordre des Borgia pour le plus grand plaisir de son bouffon, Piéral. Dans « Maigret et l’affaire Saint-Fiacre » (1959), elle sera la comtesse assassinée, amour d’enfance du commissaire Gabin, ce qui nous vaut un beau dialogue nostalgique au début du film. Lorsqu’elle oublie ces atours aristocratiques, elle garde toute son autorité en directrice d’un foyer de jeunes filles dans « Les enfants de l’amour » (1953) ou en tenancière de maison de rendez-vous dans « La neige est sale » (1953) et « La fille Elisa » (1956), deux films où elle porte le nom de Madame Irma ; le premier – adapté de Simenon – vaut le détour, qui la voit tenter vainement de retrouver l’amour de son fils déchu (Daniel Gélin). Pour de belles retrouvailles avec le Paris de son enfance revisité par Jean Renoir, elle joue la mère de Françoise Arnoul, Madame Olympe, qui tient une blanchisserie à Montmartre dans « French Cancan » (1954). 

    Par un juste retour à ses racines russes, on la voit dans une adaptation télévisée de « L’idiot » en 1968 mais elle a disparu du grand écran depuis douze ans lorsque Jean-Claude Brialy lui demande de tenir le rôle titre de son premier film, « Eglantine » (1971). Si elle hésite à paraître sans maquillage, elle ne le regrettera pas : la charmante grand-mère, à qui Claude Dauphin fait tendrement la cour, va conquérir la France entière et redonner à son interprète le désir de renouer avec le cinéma mais seuls deux titres suivront dont « Grandeur nature » (1974) de Luis Berlanga où elle campe la mère autoritaire d’un Michel Piccoli amoureux d’une poupée gonflable. Alors que Brialy appréhendait la scène de la mort d’Eglantine, Valentine lui répondit que jouer sa mort, c’était un gage de dix ans de vie supplémentaires pour une comédienne ! De fait, juste dix ans plus tard, elle disparaissait à l’âge de 89 ans. Elle repose au cimetière de Pressany-L’orgueilleux, dans l’Eure, non loin de son ami Gaston Gallimard qui produisit pour elle « Madame Bovary ».          

    Jean-Paul Briant

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