Marguerite Deval | Naissance : 1866 Décès : 1955 | Partager cette page sur Facebook : | 1 Commentaire |
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1935
Tovaritch
1937
L'homme du jour
1937
Gueule d'amour
1938
La rue sans joie
1938
Prisons de femmes
1939
Ils étaient neuf célibataires
1939
nouveau
Le président Haudecoeur
1939
Bécassine
1939
La famille Duraton
1942
Marie-Martine
1942
La loi du printemps
1942
La maison des sept jeunes filles
1944
La collection Ménard
1947
Monsieur chasse
1948
Les casses-pieds
1950
Le furet
Marguerite DEVAL (1866-1955)
Actrice française née le 19 septembre 1866 à Strasbourg. Décédée le 18 décembre 1955 à Paris.
Intarissable bavarde, Marguerite Deval ne pouvait trouver sa place au temps du muet, qu’elle fréquente à peine, le temps de deux courts métrages des années 10. On la découvre, à son insu, dans l’épisode deux des « Vampires » (1915) de Feuillade : une coupure de presse y vante « la délicieuse Marguerite Deval dans ses spirituelles chansons. » Lorsque le cinéma se mit à babiller, elle babilla de concert, malgré un âge avancé qui lui donnerait aujourd’hui le droit à la retraite. Loin de se tenir à cette injonction, elle parut dès lors sans cesse à l’écran, petite boulotte agitée et volubile, que l’on aime retrouver chez Grémillon, Guitry ou Albert Valentin.
Elle était déjà célèbre au tournant du siècle pour avoir fondé le Théâtre des Mathurins qu’elle dirigea un temps ; comme en attestent les cartes postales de l’époque, elle en est « la divette » : ses chansons fantaisistes gravées sur microsillon témoignent du succès de nombre d’opérettes comme « La folle nuit » en 1917 - elle y joue Maclovie de Mont-Haussecol, tout un programme – ou « Rapatipatoum » d’Albert Willemetz en 1919 où elle est la Dame de Cœur. Marquise de la Tremblette dans « Riri » de Willemetz et Mirande en 1925, elle chante avec brio, dans « Mon amant », sur une musique de Victor Alix en 1932 : « Quand je suis paf, paf, paf, paf, ça me chatouille le pif, pif, pif ! » Près de 50 ans après sa première apparition sur la scène des Bouffes-Parisiens, elle fait alors ses vrais débuts à l’écran avec l’adaptation de « La folle nuit » dont elle est tête d’affiche, ce qui ne sera plus jamais le cas. Les premiers titres adaptent des succès de la scène comme « Bichon » (1935) d’après Jean de Létraz, avec pour partenaire le délicieux Victor Boucher, ou « Tovaritch » (1935) de Jacques Deval où, mariée à Alerme, elle est parfaite en bourgeoise volubile et parvenue.
Jean Grémillon la voit sous un jour moins aimable, qui sera décliné par d’autres cinéastes : dans « Gueule d’Amour » (1937), elle interprète la mère de Mireille Balin, qui n’apprécie guère sa liaison avec Gabin car ses revenus mensuels risquent d’en pâtir. Sur sa lancée, elle tient le rôle essentiel de l’entremetteuse de « La rue sans joie » (1938) où elle pousse Dita Parlo dans les bras du libidineux Alcover. « Prisons de femmes » (1938) lui réserve le même emploi : elle y est excellente, cette fois face à Renée Saint-Cyr, et demeure peut-être le seul attrait d’un film suranné. Madame Bergas-Larue n’est pas en reste dans « Le Président Haudecoeur » (1939), elle qui s’évertue à marier son laideron de fille au fils de Harry Baur. Sa moralité est douteuse dans le triste « Bécassine » (1939) où elle compte escroquer les assurances ; de même – mais cette fois à l’affiche d’un merveilleux film – elle joue Madame Picaillon de Chéniset, une rombière bien décidée à frauder le fisc dans « Ils étaient neuf célibataires » (1939) : si elle chasse de chez elle l’aimable clochard qui mendie un repas, elle finira par l’épouser sur proposition de Sacha Guitry.
Dans un film bien léger comme « La famille Duraton » (1939), elle est très amusante en grand-mère farceuse : mariée au lutin Sinoël, elle se plaît à mettre du poil à gratter dans le dos de Jules Berry. Veuve fofolle de « La Collection Ménard » (1943), elle est exploitée sans vergogne par sa chère belle-sœur, la mal aimable Maximilienne. Elle serait presque émouvante dans « Mademoiselle Béatrice » (1942) : vieille dame à la recherche de l’âme sœur, elle drague Jean Périer, un vieillard qui fréquente le même square. Mais le naturel reprend le dessus dans un de ses meilleurs rôles au cœur de l’excellent « Marie-Martine » (1943) ; gouvernante d’une maison aristocratique, elle vante sa propre générosité en une réplique significative : « J’ai tout sacrifié pour elle : je l’ai mise dans un orphelinat jusqu’à vingt ans…c’était gratuit ! » Pour « Le Voyageur sans Bagage » (1943) de Jean Anouilh, elle sera une infatigable dame d’œuvres, la Duchesse Dupont-Dufort, que son acolyte, le pauvre Louis Salou, a bien du mal à suivre. Affublée de nouveau d’un improbable titre de noblesse – Comtesse de Latour du Nord ! – c’est en fait la taulière d’une maison de rendez-vous dans « Monsieur chasse » (1947) adapté de Feydeau.
Son caractère bien trempé s’affirmera jusqu’au bout : à 80 ans sonnés, elle ne supporte pas qu’un voyageur la traite de vieille dame dans « On demande un ménage » (1946) ; dans « Gringalet » (1946), c’est son gendre, joué par Charles Vanel, qu’elle ne peut pas encadrer. Noël-Noël en fait l’une des plus redoutables de ses « Casse-pieds » (1948) : jacassante à souhait et sûre de soigner notre homme mieux que n’importe qui, elle s’acharne longuement, armée d’une seringue, sur son postérieur ! Y a-t-il un lien de cause à effet ? Toujours est-il que « Le Furet » (1949) n’hésitera pas à en faire aussitôt l’une de ses victimes : gourmande, suspicieuse et tyrannique, elle y apparaissait pour la dernière fois dans son rôle de prédilection, un personnage que Piéral s’amusait à imiter dans son numéro de travesti au cabaret « Le Carrousel ».
Jean-Paul Briant