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  • Suzanne Dehelly

    Naissance : 1896
    Décès : 1968
     
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    Suzanne DEHELLY

    Elle avait l’humour et le dynamisme d’une Lucille Ball ou, aujourd’hui, d’une Florence Foresti ; elle fut l’une des comédiennes les plus appréciées du public des années 30 mais ses choix artistiques n’ayant pas toujours été judicieux, sa carrière a presque intégralement sombré dans l’oubli. Suzanne Dehelly fait ses classes à l’Odéon auprès de Firmin Gémier ; accessoirement, elle y rencontre son premier époux, le comédien Robert Pizani. Ses dons comiques s’affirment sur les planches où elle passe sans problème du vaudeville à l’opérette, tenant sur scène la dragée haute à Milton ou Dranem ; en 1936, dans l’opérette « Normandie », elle crée un tube célèbre de Paul Misraki, « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine… » 

    A l’exception de « La crise est finie » (1936) - où elle se la joue blonde platine – cette asperge au joyeux bagout tourne surtout des comédies sans importance mais plaisantes comme « La fine combine » (1931) - sa première rencontre avec Fernandel – ou « Tout s’arrange » (1931) avec le flegmatique Armand Bernard. Pour le sex-appeal, on compte plutôt sur ses partenaires Dolly Davis ou Colette Darfeuil, Suzanne se chargeant volontiers des caricatures cocasses de femmes légères, d’épouses envahissantes ou de vieilles filles. Féministe pour rire, elle forme avec Paulette Dubost le duo vedette de « La brigade en jupons » (1934) lancé sur la piste de trafiquants de drogue. Dans « La reine des resquilleuses » (1936), elle sème le trouble en changeant de prénom et d’apparence pour trouver un emploi. Dix ans plus tard, lorsque Rellys devient pour Jean Devaivre « Le roi des resquilleurs » (1945), Suzanne répond au joli pseudo d’Arlette Sycleton. Est-ce par goût des allitérations ? Notons qu’elle fut tour à tour Zozo dans « Gargousse » (1938) où Bach et Saturnin Fabre la complimentent sur ses belles gambettes, Tante Zoé dans « Marseille mes amours » (1940), Baronne de Crochezoet dans « Pension Jonas » (1941) et Madame d’Eguzon dans « La belle aventure » (1942) ! « Une de la cavalerie » (1938) - où elle s’appelle Léonie Vigoulette - la met en vedette mais le film n’est qu’une pitrerie menée par le filmeur stakhanoviste Maurice Cammage, dont elle fut en quelque sorte la muse pour rire car notre homme la distribue à neuf reprises dans des films vite faits, vite oubliés, aux titres presque interchangeables : « Une nuit de folies » (1934) n’aurait-il pas pu tout aussi bien s’appeler « Un soir de bombe » (1935) ?

    Dans le genre loufoque, elle chante « Il a mal aux reins… Tintin ! » dans « Cinderella » (1937), joue Totoche dans « Titin des Martigues » (1938) et épouse ce vieux fou d’André Lefaur dans « La Présidente » (1938). Pour le prestige, il vaut mieux chercher du côté de « Premier rendez-vous » (1941) où elle joue Mademoiselle Christophine, professeur de l’indocile Danielle Darrieux. Quelques titres surnagent encore : « Arsène Lupin, détective » (1937) avec le tandem Jules Berry-Suzy Prim, « L’homme qui cherche la vérité » (1939) où elle croise Raimu et « Croisières sidérales » (1941) où elle vieillit d’un demi-siècle pendant que Carette, son mari, se la coule douce sur Vénus. Dans « A vos ordres, Madame » (1942), une bonne comédie de Jean Boyer, elle joue les baronnes et oblige son Tissier de mari à endosser le costume de chauffeur de maître. 

    Après guerre, « Pas un mot à la reine mère » (1946) – la reine Catherine de Neustrie, c’est elle - et « Ma tante d’Honfleur » (1947) - où elle met au pas son neveu Jean Parédès – semblent ses dernières concessions à la comédie légère. Elle s’essaie alors au récit policier façon « Rouletabille » (1947) ou « Cinq tulipes rouges » (1948) : dans ce film écrit par son second mari, Marcel Rivet, elle joue la journaliste Colonelle, spécialiste du vélo, qui enquête sur les routes du Tour de France aux côtés du bon commissaire Jean Brochard. Elle épaule Yves Montand, le jeune boxeur devenu « L’idole » (1947), et rencontre Jean Gabin dans « La nuit est mon royaume » (1952) : religieuse menacée de cécité, elle y dispute néanmoins une partie d’échecs – l’occasion de rappeler qu’en 1943 elle avait remporté la coupe féminine du championnat de France dans cette discipline. Dans le registre dramatique, on la retrouve aussi dans « Les amours finissent à l’aube » (1952). Son goût nouveau pour un cinéma considéré comme plus respectable l’amène à paraître en vieille dame condamnée aux Enfers dans le prologue de « Huis clos » (1954). A la même époque, elle oublie l’opérette pour jouer au théâtre « Pygmalion » de George Bernard Shaw ou « Don Juan » de Montherlant.

    Comme on ne se refait pas, les vieilles filles sont toujours au rendez-vous : ainsi, dans « Le rosier de Madame Husson » (1950), elle se déchaîne à l’harmonium et colporte des ragots sur le pauvre Bourvil. Amoureuse de Zappy Max dans « Quitte ou double » (1952), elle lui déclare sa flamme mais en joignant à sa missive la photo de la plus jolie fille du village. Chez Henri Decoin, elle tient la pension de famille des pionniers de l’aéropostale, « Au grand balcon » (1949). Pour Jacqueline Audry, elle joue dans « Olivia » (1950) l’amusante Mademoiselle Dubois, la prof de maths qui passe son temps à s’empiffrer à la cuisine ; dans « La garçonne » (1957), sa Tante Sylvestre est l’incarnation même du bon sens, n’hésitant pas à dire à sa nièce adorée tout le mal qu’elle pense des mariages d’argent. 

    La comédie lourdingue garde tout de même ses droits comme le prouve « Ils sont dans les vignes » (1952) où elle milite avec son mari Lucien Baroux, président de la ligue antialcoolique, pour le remplacement de l’alcool par le koku-colu. Le couple était tout de même plus à son aise au temps des scènes de ménage de « La collection Ménard » (1943). Elle se fend d’une dernière rencontre avec Fernandel dans « Sénéchal le magnifique » (1957) et croise les nouvelles vedettes comiques comme Fernand Raynaud dans « La bande à papa » (1955) ou Darry-Cowl dans « Le temps des œufs durs » (1957). Dans son dernier film, « Cadavres en vacances » (1961), sous-titré « Pas si folles, les guêpes ! », on voyait notre Suzanne associée à Jeanne Fusier-Gir dans le rôle des sœurs Bodin, deux vieilles filles enquêtant sur une série de meurtres au Touquet et finissant par empocher le gros lot : ce ne fut pas le cas du film qui sortit avec deux ans de retard dans une totale indifférence…

    Jean-Paul Briant

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