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  • Marthe Mellot

    Naissance : 1870
    Décès : 1947
     
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    Marthe MELLOT 

    Mine de fouine, nez busqué et collet monté, elle ne fut pas la comédienne la plus sexy du cinéma des années 30. Pourtant, le visiteur du Musée d’Albi découvre avec surprise l’affiche de « La gitane » de Jean Richepin montrant Marthe Mellot peinte en 1900 par Toulouse-Lautrec. A la même époque, ses amis Félix Vallotton et Edouard Vuillard l’ont représentée dans l’éclat de ses 30 ans, ce qui lui vaut une part d’éternité, plus sûrement sans doute que la cinquantaine de films où elle parut. Sa carrière théâtrale mérite qu’on s’y arrête puisque cette élève de Réjane suivit la tournée sud-américaine de Sarah Bernhardt et joua le Rossignol à la création de « Chanteclerc » (1910). Dès 1896, sur la scène de l’Ambigu, elle connaît le succès dans le rôle de Fanfan, petite héroïne des « Deux gosses », un fameux « mélo » (avec ou sans jeu de mots) qu’elle jouera jusqu’à plus soif. Après avoir travaillé chez Dullin et Jouvet, elle devient une fidèle de Georges Pitoëff qui lui offre en 1937 son personnage le plus fort, celui de la mère présumée du « Voyageur sans bagage » de Jean Anouilh.

    Dès 1910, elle avait débuté en fanfare au cinéma, tournant en vedette six courts-métrages, pour ce qui n’est qu’un faux départ : à l’exception du « Navire aveugle » (1927), elle ne tâtera plus du muet. Lorsqu’on la retrouve en bonne sœur dans « Les deux orphelines » (1932) de Maurice Tourneur, elle a 62 ans et doit se contenter de brèves partitions, à l’exception d’une comédie de René Clair, « Le dernier milliardaire » (1934), où elle tient le rôle essentiel de la Reine de Casinario, souveraine ruinée et hystérique soumise aux volontés d’un Max Dearly déchaîné.

    Au rayon des classiques, on l’aperçoit chez Renoir dans la scène des comices agricoles de « Madame Bovary » (1934), en sœur dévote et muette de Mgr Myriel dans « Les Misérables » (1934) ou en mère de « Justin de Marseille » (1934). Gouvernante d’un chanoine dans « Le coupable » (1936) ou surveillante dans « Katia » (1938), on la remarque dans des rôles fugitifs comme celui de la mère de « Marthe Richard » (1937) où on la passe par les armes dès la première séquence. Très vite, il semble qu’on la préfère dans les personnages déplaisants comme l’institutrice sévère de « La dame de Malacca » (1937). Adjointe servile de l’austère Maximilienne, elle fait marcher au pas cadencé les délinquantes de « Prison sans barreaux » (1938) en éructant comme un sergent des Marines ! Maîtresse d’internat des « Jeunes filles en détresse » (1939), elle se contente d’obtempérer aux ordres claironnés par l’impériale Moreno. Commère de village dans « Le voile bleu » (1942), elle énonce avec ravissement les malheurs qui s’acharnent sur la brave Gaby Morlay avant de jouer les mémés corses réclamant l’accomplissement de la vendetta au pauvre Noël-Noël, devenu bien malgré lui « Adémaï bandit d’honneur » (1943).

    Elle hérite toutefois de rôles plus sympathiques comme dans « Le roman d’un jeune homme pauvre » (1935) où elle joue une vieille demoiselle bretonne, pauvre et dévote, confidente des amours de Marie Bell. Bien aimable aussi, dans « Le briseur de chaînes » (1941), la dame de compagnie de l’alerte centenaire Mamouret nommée Tante Anaïs. Le même prénom lui réussit moins dans « Le pays sans étoiles » (1945) où elle succombe d’une crise cardiaque après avoir craché son venin dans une belle scène d’hystérie. Elle reprend du service au couvent dans « La Duchesse de Langeais » (1942) - où elle obtient même le titre de mère supérieure – et, très brièvement, dans « Le diable au corps » (1947). Lorsqu’il porte lui-même à l’écran « Le voyageur sans bagage » (1943), Anouilh choisit Sylvie pour succéder à Marthe dans le rôle de Madame Renaud mais crée pour sa fidèle interprète un nouveau personnage. On la repère encore dans la première scène du « Mariage de Chiffon » (1941) d’Autant-Lara ou chez Jean Dréville dans « La cage aux rossignols » (1944) et « La ferme du pendu » (1945), le museau pointu derrière sa machine à coudre. Ensuite il lui faut compter avec l’ingratitude des producteurs à l’égard des vieux serviteurs de l’écran : ses dernières participations ne seront pas toujours créditées au générique, comme ce petit rôle de chaisière dans « Antoine et Antoinette » (1946) ou de mendiante dans « Monsieur Vincent » (1947). Au générique de son dernier film, « Le village perdu » (1947), son nom est orthographié « Meliot » !     

    Heureusement, la vie privée de Marthe Mellot lui apporta de belles compensations : compagne de l’auteur dramatique Louis-Alfred Natanson, elle vécut dans un cercle intellectuel de belle tenue puisqu’elle fut l’amie de Jules Renard, Tristan Bernard et Léon Blum. Ses deux filles devinrent écrivaines : Denise Mellot publia « Premier mariage » en 1938 ; Annette Vaillant reçut le prix de l’Académie Française en 1947. Aux dires de son petit-fils, le photographe Jean-Philippe Charbonnier, Mamie Mellot, passionnée et caustique, fut jusqu’au bout un sacré personnage qui ne s’en laissait pas compter !

    Jean-Paul Briant

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