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  • Victor Francen

    Naissance : 1888
    Décès : 1977
     
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    Victor Francen
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    Victor FRANCEN

    Il fut, au cœur des années 30, l’un des comédiens les plus célèbres de la scène et de l’écran français. Incarnation parfaite du commandant inflexible ou du père noble, Victor Francen ne pouvait prévoir la tempête d’avanies que son air guindé et son jeu emphatique allaient déchaîner lors de reprises télévisées de ses grands succès ; beaucoup partagèrent l’opinion de Michel Simon dans « La fin du jour » et virent en lui une « triste bougie » plutôt qu’un lumineux Flambeau ! Toutefois la postérité fut injuste à l’égard de ce comédien qui sut évoluer, au temps de son exil hollywoodien, en second rôle talentueux auprès des plus grandes stars. 

    Passionné de théâtre et de poésie, Victor Franssen rompt à dix-neuf ans avec le foyer familial afin de tenter sa chance à Bruxelles puis Paris. Il croise la route de Lucien Guitry qui l’entraîne dans une tournée en Amérique Latine où il parfait son apprentissage. Peu de temps avant le début de la 1ère guerre mondiale, il se fait remarquer sur la scène du Théâtre Antoine avant de connaître après-guerre la consécration dans « La chair humaine » de Henry Bataille ou les reprises de « Cyrano de Bergerac » et « Chanteclerc ». Un critique de 1929 évoque sa « magnifique autorité », sa « simplicité émouvante », qualités que le cinéma ne saura guère exploiter. Dirigé en 26 par Louis Jouvet dans « Le dictateur » de Jules Romains, il marque une préférence pour le boulevard, que ses partenaires soient Mary Marquet – sa compagne pendant sept ans – ou Gaby Morlay auprès de qui il triomphe dans « Le messager » de Henry Bernstein.  

    « La fin du monde » (1930) d’Abel Gance marque le début de son vedettariat au cinéma, aussitôt suivi de l’adaptation de « L’Aiglon » (1931) d’Edmond Rostand où il interprète déjà Flambeau, le vieux grognard. Selon la presse de l’époque, Francen réunit toutes les qualités pour réussir à l’écran : sa haute taille, « sa distinction, son élégance » le prédisposent « à interpréter les personnages de maturité encore juvénile, de souffrance digne et hautaine » comme l’écrit J.C. Reynaud en 1939. Est-ce son jeu qui a vieilli ou les œuvres adaptées qui semblent surannées ? C’est le cas pour « Après l’amour » (1931), « Mélo » (1932), « Le voleur » (1934) ou encore « La vierge folle » (1938) qui le met en scène en célèbre avocat tombant amoureux d’une toute jeune fille : l’épouse délaissée et la mère outragée s’en mêlent mais le film reste un mélodrame dépassé que Francen ne peut racheter. Sa popularité est alors incontestable : ne tourne-t-il pas cinq films en vedette pour la seule année 1937 ? Marcel Lherbier en fait son interprète fétiche à partir de « L’aventurier » (1934) ; il le voit en officier de marine dans « Veille d’armes » (1935) et « La porte du large » (1936), en ingénieur du génie dans « Forfaiture » (1937) ou en procureur russe dans « Nuits de feu » (1937). Le meilleur titre de cette collaboration reste « Entente cordiale » (1939) où Francen prit plaisir à incarner Edouard VII d’Angleterre : ses échanges avec sa mère, la reine Victoria, jouée par une Gaby Morlay méconnaissable sont particulièrement réussis. Son rôle le plus léger fut celui de Jean IV de Cerdagne, personnage central de la pièce de Flers et Caillavet, « Le roi » (1936) : grâce à un exceptionnel quatuor réuni autour de lui - Raimu, Elvire Popesco, Gaby Morlay et André Lefaur – Victor Francen s’amusait enfin ! « J’accuse » (1938) devait être son plus grand rôle à l’écran mais les tirades pacifistes de son personnage semblent grandiloquentes, Abel Gance ne retrouvant que partiellement la force saisissante des images de son œuvre muette. A la fin de la décennie, Julien Duvivier le met précocement à la retraite et lui attribue par la même occasion son plus beau rôle : dans « La fin du jour » (1939), Francen joue Marny, grand comédien retiré du monde dans un hospice, ruminant son insuccès et son amour perdu. D’une sobriété remarquable, il clôt le film par un vibrant hommage aux vieux cabots, déclamé sur la tombe du comédien raté joué par Michel Simon. 

    Francen part pour les Etats-Unis en 1940 : lui qui allait justement incarner Christophe Colomb au cinéma se retrouve en Amérique mais totalement inconnu des cercles hollywoodiens. Charles Boyer use de son crédit et voilà Victor Francen remis en selle : « Par la porte d’or » (1941) le met en scène en émigré hollandais attendant son visa d’entrée aux USA. Certes il ne sera plus question de rôles de premier plan mais le comédien n’aura pas à rougir de son parcours hollywoodien, au contraire. On l’aperçoit en bon docteur toujours prêt à dépanner son ami Charles Laughton dans « The Tuttles of Tahiti » (1942). Les deux acteurs se retrouvent dans « Tales of Manhattan » (1942) de Julien Duvivier où Francen incarne un chef d’orchestre célèbre qui favorise en grand seigneur les débuts d’un obscur compositeur. L’ambigüité sera la marque de nombre de ses personnages. C’est ainsi qu’il paraît dans les premiers films de Jean Negulesco, « Le masque de Dimitrios » (1944) et « Les conspirateurs » (1944) où, attaché à l’ambassade d’Allemagne à Lisbonne et marié à la belle Hedy Lamarr, il semble hésiter entre résistance et collaboration avant de connaître une fin tragique. Le même contexte apparaît dans « Passage to Marseille » (1944) : il y joue un vrai patriote, le capitaine Malo, qui, les larmes aux yeux, annonce aux marins la nouvelle de la capitulation, une scène très forte. Dans « Agent secret » (1945), le voilà devenu un espion nazi qui essaie de liquider Charles Boyer. Un sort funeste l’attend dans l’univers westernien de « San Antonio » (1945) où il joue suavement un traître qui n’hésite pas à assassiner en douce le meilleur ami d’Errol Flynn. Décidément versatile, on le retrouve dans l’univers de la comédie musicale avec « Nuit et Jour » (1945) comme dans le registre fantastique avec l’excellent film de Robert Florey, « La bête aux cinq doigts » (1946) – une « bête » qui s’avère être la main criminelle de Francen, pianiste paralysé qui meurt au premier tiers du film. Son goût pour la composition s’affirme : le voilà procureur soviétique dans « Mission to Moscow » (1943) ou Caïd Yousseff dans « The desert song » (1943). Plus sobrement, il joue un président d’université dans « Madame Curie » (1943) et le directeur de collège où enseignent les sœurs Brontë dans « Devotion » (1946).  

    Après guerre, Victor Francen se partage entre la France et les Etats-Unis. Pour Marcel Lherbier, il partage l’affiche de « La révoltée » (1947) avec Josette Day. Les critiques d’alors ne seront pas toujours tendres et ce n’est pas « La nuit s’achève » (1949), sombre mélo, qui peut redorer son blason. Le théâtre lui réussit davantage grâce à la reprise de « Tovaritch » avec Elvire Popesco. Les productions américaines le sollicitent toujours comme pour « La Taverne de la Nouvelle Orléans » (1950) où il joue un riche notable assassiné par Vincent Price. Dans « L’adieu aux armes » (1957), il sera un colonel italien sur le front mais son rôle le plus consistant est celui du professeur Montel dans « Le démon des eaux troubles » (1954) de Samuel Fuller : savant atomiste embarqué dans un sous-marin, il se sacrifie héroïquement pour sauver l’humanité du péril nucléaire ! Jean-Pierre Mocky lui permet de parachever sa carrière en vieux médecin « rond comme une bourrique » dans « La grande frousse » (1964) : un verre toujours à portée de main, il ausculte les cadavres en titubant et ne détecte que des morts naturelles là où Bourvil voit des assassinats. « Je ne devrais plus boire à jeun » est la devise de ce savoureux personnage, le plus drôle qu’ait jamais interprété Victor Francen et l’on peut y voir comme un pied de nez ironique à tous ses détracteurs.

    Jean-Paul Briant

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