Roland Armontel | Naissance : 1904 Décès : 1983 | |
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1932
Les gaietés de l'escadron
1933
Les misérables
1937
Battement de coeur
1944
Florence est folle
1944
Les petites du quai aux fleurs
1946
Les Chouans
1946
Jericho
1947
Rocambole
1947
Le silence est d'or
1948
Par la fenêtre
1949
Les amants de Vérone
1950
Le gang des tractions-arrière
1952
Tambour battant
1952
Monsieur Leguignon, lampiste
1954
Piédalu député
1955
Razzia sur la chnouf
1957
Le feu aux poudres
1957
Ni vu ni connu
1958
Trois jours à vivre
1958
Les tricheurs
1959
L'increvable
1962
Le diable et les dix commandements
1963
Maigret voit rouge
1963
La foire aux cancres
1965
Bob Morane
Le camion in...
1965
Le théâtre ...
David Copper...
1966
Thierry la Fronde (saison 4)
1966
Pour combien de temps encore ?
1966
Paris Brûle-t'il ?
1967
Les sept de l'escalier 15
1967
Lagardère
1967
Treize à table
1968
Le Crime de Lord Arthur Savile
1968
Béru et ces dames
1969
Et qu'ça saute
1969
Les aventures de Tom Sawyer et Huchleber...
1969
L'homme aux chats
1970
Maurin des Maures
1970
Doris
1970
Sur un arbre perché
1972
L'homme qui revient de Loin
1972
Le Nez d'un notaire
1973
Petite flamme dans la tourmente
1973
Le jeune Fabre
1975
Les zingari
1975
Demandez Vicky
1975
La bête
1975
Dix minutes d'alibi
1975
Trésor party
1976
L'inspecteu...
Cent ans moi...
1976
La poupée sanglante
1976
La pêche miraculeuse
1977
Les cinq de...
Châteaux en ...
1978
Vous ne l'emporterez pas avec vous
1978
Messieurs les ronds-de-cuir
1979
Les Petites têtes
1979
Les insulaires
Roland ARMONTEL
Enfant de la balle, selon l’expression consacrée, Armontel aurait paru, âgé d’une dizaine d’années, dans quelques courts métrages de Max Linder. Toutefois, ce n’est qu’au début des années 30 qu’on commence à le repérer en fin de générique, dans un rôle de troufion abruti pour « Les gaietés de l’escadron » (1932) et dans « Les Misérables » (1933) de Raymond Bernard, où il joue le séducteur de Fantine. A cette époque, il a délaissé la tradition familiale du théâtre itinérant pour tenter sa chance à Paris : le boulevard va lui apporter des rôles valorisants, par exemple « Le train pour Venise » en 1937 ou « Les jours heureux » en 1939 mais sa notoriété alors insuffisante l’empêche d’être retenu lors des adaptations cinématographiques. Interprète de Marcel Achard, Félicien Marceau ou Jean-Paul Sartre, il deviendra un fidèle client d’« Au théâtre ce soir », partenaire de Simone Renant dans « Treize à table » (1967) ou d’Yvonne Clech dans « Vous ne l’emporterez pas avec vous » (1978).
A l’orée des années 40, le temps d’un « Battement de cœur » (1939), Armontel s’attaque sérieusement à sa carrière cinématographique, qui sera riche de plus de quatre-vingts compositions. Interprète d’Eugène Delacroix dans « La symphonie fantastique » (1941), il marque très vite sa préférence pour les personnages farfelus comme le majordome moqueur de « La boîte aux rêves » (1943). Médecin à lorgnon et moustache dans « Les petites du Quai-aux-Fleurs » (1943) ou « Florence est folle » (1944), il prend sans rechigner vingt ans d’un coup, comme on le voit à nouveau dans « Rocambole » (1947) : comte Artoff, il soigne son accent russe mais ne peut cacher sa véritable identité, celle d’un boutiquier d’Istanbul qui rêvait de découvrir Paris. Le lorgnon est de retour, avec la barbiche en prime, pour camper Tafardel, l’instituteur de « Clochemerle » (1947), ou le beau-père hypocondriaque de « Minne, l’ingénue libertine » (1950). Dans le genre, c’est « Occupe-toi d’Amélie » (1949) qui lui offre sans doute sa plus grande réussite : puisque, selon Feydeau, « un général doit servir à quelque chose », le voilà – coupe en brosse, lorgnon et accent russe - entremetteur du Prince de Palestrie auprès d’une Darrieux bien volage.
Loin de ces rôles pittoresques, Armontel connaît aussi les vertus de la discrétion, comme dans « Jéricho » (1945) où il émeut particulièrement : maigre à faire peur, son courage surprend face à la veulerie du trafiquant campé par Pierre Brasseur. Dans « La maison sous la mer » (1947), Henri Calef le sollicite à nouveau pour un rôle quasi-muet de mineur atteint de silicose. Paradoxalement, il joue très sobrement un « ivrogne intégral » dans « L’idiot » (1945). Crâne lisse et fine moustache, il devient le sympathique metteur en scène qui favorise l’idylle naissante entre Anouk Aimée et Serge Reggiani - « Les amants de Vérone » (1948) - ou l’inspecteur Pauc qui enquête sur le mystère du « Dolmen tragique » (1947). Clown un rien vulgaire dans « Eternel conflit » (1947) ou artiste prétentieux démasqué par Bourvil, le peintre qui passe « Par la fenêtre » (1947), il chante avec verve « Par le petit bout de la lorgnette » dans « Le silence est d’or » (1946) de René Clair. Marquis déchu, il triche aux cartes, ce qui lui permet d’emblée d’intégrer la bande de Mandrin, « Le chevalier sans loi » (1951). Directeur de tournée irascible, il est sur le point de renvoyer « Sénéchal le magnifique » (1957) mais se souvient à temps qu’il doit à Fernandel quelques bonnes apparitions dans « Emile l’Africain » (1947) ou « Don Juan » (1955).
Armontel restera sur la brèche pendant plus de soixante ans, se dépensant sans compter, même pour de brèves apparitions comme dans « L’affaire des poisons » (1955) ou « Les tricheurs » (1958). Il savait que le public ne le reconnaissait pas toujours, confondant parfois sa tête chauve et sa moustache avec celles de Pasquali. On se souvient tout de même du chimiste impliqué dans le trafic de drogue et tabassé par Lino Ventura dans « Razzia sur la chnouf » (1954), du Comte de Chaville, père de Claude Rich, dans « Ni vu ni connu » (1957) ou du médecin rayé de l’Ordre dans « Maigret voit rouge » (1963). Grâce à Louis de Funès, « Sur un arbre perché » (1970), on le reverra en curé pompette suspendu dans les airs. Il ne fait que passer dans « Paris brûle-t-il ? » (1965), prêt à prendre les armes pour défendre sa ville, mais il se rattrape sur le petit écran où il participe à de célèbres feuilletons comme « Thierry la Fronde » (1966), « Maurin des Maures » (1970) ou « L’homme qui revient de loin » (1975) où il joue un notaire odieux. Dans « Messieurs les ronds-de-cuir » (1978), il brosse une dernière caricature savoureuse avec le Père Soupe, vieux fonctionnaire incompétent qui prend ses bains de pied au ministère. Son dernier film - « Le temps des vacances » (1979) - annonçait la couleur : après une brève retraite du côté d’Arcachon, dès l’année suivante viendra le temps des vacances éternelles.
Lors de sa dernière participation à « Au théâtre ce soir », comme le rappelle Alain S sur la page des « Petites Têtes », Armontel eut droit à une véritable ovation : c’était la dernière fois qu’on le voyait, le public le savait et le comédien ne put retenir ses larmes.
Jean-Paul Briant