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  • Jean Témerson

    Naissance : 1898
    Décès : 1956
     
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    Jean TEMERSON 

    Avec ses yeux globuleux, son visage poupin et ses kilos surnuméraires, Jean Temerson se fit connaître du public des années 30 et 40 comme le lymphatique de service, le « bon gros » qui pouvait toutefois s’avérer plus inquiétant, voire totalement antipathique, comme le fameux vautour né de la plume de Ben Jonson, le notaire vénitien Voltore qui flatte Harry Baur alias « Volpone » (1940) en lorgnant sur son héritage sans se douter qu’il sera la dupe du perfide Mosca.

    On ne sait s’il exerça la profession de valet de chambre mais ses débuts tardifs, en 1936, se font sous le signe de la domesticité satisfaite de son sort, tant au théâtre - où Jacques Baumer le met en scène dans « La vie est si courte » - qu’au cinéma, dans « L’amant de Madame Vidal » (1936). On apprécie son élocution un rien pâteuse et son phrasé emphatique, qu’il se prénomme Jean, Hector ou Ernest. Il rempilera fréquemment dans cet emploi, par exemple pour « Education de Prince » (1938) où il fait davantage preuve de suffisance que d’énergie : il faut dire qu’il vient de jouer Stanislas, le roi de Pologne, dans « Le joueur d’échecs » (1938) ! La modestie ne semble pas non plus la qualité première du pompeux pianiste Tartinovitch dans  « Les cinq sous de Lavarède » (1939), l’un des sept films où il fut le comparse de Fernandel. L’association née avec « Barnabé » (1938) et « Raphaël le Tatoué » (1939) se poursuit tant bien que mal, au gré de productions faciles comme « Berlingot et Cie » (1939) ou « Monsieur Hector » (1940) : Temerson y parvient pourtant à nous surprendre lorsqu’il se présente comme le Baron Grondin, Président du Comité Sportif ! Très vite, nous constatons que ses efforts en ce domaine consistent essentiellement à lever le coude lors de cocktails mondains. Indépendamment du plaisir de jouer un personnage nommé Stanislas Pugilaskoff, il aurait certes pu se dispenser du piteux « Cœur de Coq » (1947). Heureusement, « L’armoire volante » (1948) sauve la mise ; même s’il n’y fait qu’une apparition, le film de Carlo Rim rehausse une filmographie un rien décevante : « Quand tu serres les fesses, ça se voit sur ta figure ! » balance son comparse Yves Deniaud à ce gangster du genre trouillard.

    Malgré tout, Jean Temerson croisa la route de bons cinéastes comme Julien Duvivier, Pierre Chenal ou Jean Dréville. C’est ainsi qu’il accompagne Mireille Balin dans la Casbah d’Alger, tout excité à l’idée de croiser « Pépé le Moko » (1936). Dans « L’Alibi » (1937), il endosse le costume de Jojo, truand de pacotille, qui forme un couple amusant avec la sarcastique Margo Lion ; quand sa belle lui propose un tour en barque, il lui lâche, suave : « J’veux bien si tu rames, chérie ! » Il apprécie de retrouver Harry Baur dans « Le Président Haudecoeur » (1939) mais, surtout, Robert Siodmak le dirige dans l’excellent « Pièges » (1939) : policier peu discret, il y assure la protection de Marie Déa pour qui il a visiblement un faible. Après-guerre, il devient commissaire dans « On ne meurt pas comme ça » (1946) et fait quelques apparitions chez Clouzot : il sera portier dans « Manon » (1949), comédien ridicule dans « Miquette et sa mère » (1950) puis garçon d’étage  patibulaire dans son dernier film, « Les Diaboliques » (1955).

    Exceptionnellement, son nom paraît au-dessus du titre pour « Une femme coupée en morceaux » (1945) mais l’embellie est de courte durée : il retrouve le bas de l’affiche pour son rôle de domestique dans un sympathique polar, « L’ennemi sans visage » (1946), mais aussi lorsqu’il dirige le Consortium du Marché Noir dans « Fantomas contre Fantomas » (1949). Ses rôles s’amenuisent, contrairement à son tour de taille. Le théâtre lui apporte quelques consolations grâce au succès d’« Une mort sans importance » (1947) d’Yvan Noé, aussitôt porté à l’écran, ou « Bobosse » (1950) d’André Roussin. Quand il retrouve Siodmak pour « Le grand jeu » (1953) ou Dréville pour « La Reine Margot » (1954), ce n’est que pour un clin d’œil amical. Il franchit « Le Cap de l’Espérance » (1951) en piteux état : médecin alcoolique, rayé de l’Ordre, il s’avance, mal rasé et bégayant, et l’on ne s’étonne pas si le truand qu’il doit soigner passe de vie à trépas. Dans « Le Comte de Monte Cristo » version 1953, il correspond parfaitement à l’idée que l’on se fait de Louis XVIII, même s’il ne souffre pas de la goutte comme son royal modèle.

    Décédé à 58 ans des suites d’une opération, Jean Temerson mérite aussi que l’on se souvienne de lui pour l’affront qui lui fut imposé par Vichy : de confession juive, le comédien fut déchu de la nationalité française et interdit de travail pendant l’Occupation. Lorsque sort « Volpone » le 10 mai 1941, son nom a été radié du générique...

    Jean-Paul Briant

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