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    Naissance : 1918
    Décès : 2000
     
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    Lila Kedrova
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    Lila KEDROVA

    Descendante de la famille Kedroff, prestigieuse lignée de musiciens et de chanteurs d’opéra, la petite Elisabeth quitte à trois ans sa Russie natale déchirée par la révolution. Après une escale allemande, la famille s’installe en France où son père la verrait volontiers en jeune pianiste prodige mais Lila préfère intégrer une troupe itinérante de comédiens russes. Elle fait ses débuts sur scène à quinze ans puis s’inscrit au cours Dullin où elle se lie avec Pierre Valde, régisseur du Théâtre de l’Atelier, qui sera son professeur, son époux et son metteur en scène. Un premier film, « Ultimatum » (1938), la confronte au génial Erich von Stroheim mais la guerre interrompt une carrière à peine ébauchée. C’est le théâtre de l’après-guerre qui la fera connaître : on la remarque dans « Les frères Karamazoff » (1945) au Théâtre de l’Atelier ; Pierre Valde la dirige dans « Jésus la Caille » (1952) de Carco et « La rose tatouée » (1966) de Tennessee Williams. « Vu du Pont » (1958) mis en scène par Peter Brook et « Les parents terribles » - où Jean Marais lui a demandé de reprendre le rôle créé par Yvonne de Bray – lui valent les éloges de la critique comme « La logeuse » (1960) d’Audiberti où elle est « admirable de véhémence blessée ».

    Ses vrais débuts au cinéma, dans les années cinquante, se font sous le signe de personnages interlopes, dont elle donne une image souvent émouvante. Elle semble se spécialiser dans les prostituées comme dans « Le grand jeu » (1954) ou les droguées comme dans « Razzia sur la chnouf » (1954) : toxicomane pathétique, elle guide Jean Gabin dans les bas-fonds parisiens. L’année suivante, elle le retrouve pour « Des gens sans importance » (1955) où elle dirige une maison de passe. Dans « Ce joli monde » (1957) de Carlo Rim, elle s’essaie avec brio aux rôles comiques : maîtresse du gangster Yves Deniaud, visiblement portée sur la bouteille, elle nous régale de quelques scènes loufoques face au zozotant Darry Cowl. Lorsqu’elle se range des voitures, elle joue la mère de BB dans « Futures vedettes » (1954), les artistes de cirque – son rêve d’enfant ! - dans « Jusqu’au dernier » (1956) ou, mieux, Anna Zborowska, célèbre modèle de Modigliani dans « Montparnasse 19 » (1958) de Jacques Becker. 

    « Grand’rue » (1956) de Juan Antonio Bardem et « La femme et le pantin » (1959) de Duvivier commencent à donner une dimension internationale à sa carrière. Aussi, lorsque Simone Signoret craint de se vieillir en jouant Madame Hortense alias « Bouboulina », c’est vers elle que se tournent les producteurs de « Zorba le Grec » (1964) : le film est un triomphe et Lila obtient l’oscar du meilleur second rôle féminin. Vingt ans plus tard, elle raflera un Tony award en reprenant ce rôle à Broadway dans la comédie musicale inspirée du film. Mais sans tarder, elle avait retrouvé au comptoir du Tampico Bar son complice Anthony Quinn en pirate sentimental de « Cyclone à la Jamaïque » (1965), un beau film d’Alexander Mackendrick, et croisé Gino Cervi, en rupture de Peppone, dans « Maigret à Pigalle » (1967). Des metteurs en scène prestigieux la recrutent, comme Alfred Hitchcock pour « Le rideau déchiré » (1966) - où elle joue la comtesse Kuchinska - et John Huston pour « La lettre du Kremlin » (1970) qui nous la montre en Madame Sophie, une tenancière de maison close, rôle dont elle décline une version parodique dans « En voiture, Simone ! » (1974) où Peter Sellers déguisé en Hitler fréquente son claque ! 

    En France, Lila prodigue sa présence touchante ou cocasse et son accent slave dans « Le locataire » (1976) de Polanski ou « Clair de femme » (1979) de Costa-Gavras. Elle joue Olga, l’indispensable imprésario de Jean Rochefort, « Le cavaleur » (1979), et croise plus curieusement le braqueur Albert Spaggiari dans « Les égouts du paradis » (1978). Si elle en fait parfois un peu trop – trop de sourires en coin, trop de cris, trop de roulements de « r » - on lui pardonne tout pour deux rôles aussi bouleversants que prémonitoires : dans un film de Charles Belmont qui n’eut pas l’audience qu’il méritait, elle émeut en mère de Sami Frey, malade du cancer qui se dit « Rak » (1971) en russe ; dix ans plus tard, la comédienne Lee Grant l’associe au vétéran Melvyn Douglas dans « Tell me » (1980), histoire d’un vieux couple déchiré qui se réconcilie au moment où l’épouse glisse inéluctablement dans la maladie. Elle n’avait alors que soixante ans et pouvait espérer encore de beaux rôles mais elle ne fera plus que cinq apparitions en quinze ans, la fiction prenant tristement le pas sur la réalité. Atteinte de la maladie d’Alzheimer qui la coupe peu à peu du monde, veillée par Richard Howard, son second mari, elle se retire au Canada où elle meurt, trop vite oubliée, à 80 ans. 

    Jean-Paul Briant

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