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  •  Jacques Charon  

      Naissance : 1920   Décès : 1975   Partager cette page sur Facebook :
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    Les intrigantes

    La valse de Paris

    Contes pour le petit écran
    Theatre (Comédie Française , metteur en scène), réalisa un film américain (!) La puce à l’oreille. Stature aristocratique, un brin précieuse, activité soutenue à compter du lendemain de la guerre : l’un des détenus de Jericho, officier des Chouans, et de Cartouche , danse La valse de Paris emmenée par Yvonne Printemps, peut composer les majordomes ( pour Darrieux, dans Escalier de service). A la télé dans les adaptations du répertoire…

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    Jacques CHARON

    Il est né à deux pas de la Maison de Molière, et si son père est bonnetier, le petit Jacques devine très vite que le monde du commerce n’est pas pour lui. Enfant timide, il collectionne les programmes de la Comédie Française en rêvant secrètement d’y voir un jour son nom, de préférence en jeune premier romantique. Lorsque ses professeurs lui feront comprendre que sa nature le porte vers la comédie, il en ressentira un vif dépit.    

    Pour faire plaisir à son père, il sera « bonnetier malgré lui » le jour - ou plus exactement représentant en chaussettes – mais le soir venu, il suit les cours gratuits de Julien Bertheau qui le somme de choisir sa voie. En septembre 1939, il est reçu au concours d’entrée au Conservatoire et, à peine démobilisé, engagé au Français. Il cumule les petits rôles avant de sidérer le public en « Arlequin poli par l’amour » en 1946. Ses auteurs de prédilection seront Marivaux, Feydeau et bien sûr Molière : irrésistible Thomas Diafoirus ou Trissotin, il sera exceptionnel en Orgon dans « Tartuffe » face à son complice Robert Hirsch comme en Malade Imaginaire, l’un de ses tout derniers rôles. Pas bégueule pour deux sous, il crée sur le boulevard les œuvres à succès de Barillet et Grédy ou Françoise Dorin pour le plaisir d’y diriger ses copines Sophie Desmarets et Jacqueline Maillan.         

    « Moi, un comédien », son recueil de souvenirs, évoque en à peine trois pages son passage au cinéma. Travailleur acharné sur les planches, il n’y parut qu’en dilettante, tournant vingt-cinq films seulement en trente ans. C’est un jeune homme mince et brun qui débute dans « Premier rendez-vous » (1941) : Jacques y figure au nombre des pensionnaires qui tombent amoureux de Danielle Darrieux. « Des jeunes filles dans la nuit » (1942) lui laisse le souvenir cuisant de la « claque magistrale » que lui inflige Saturnin Fabre. Premier clerc insolent dans « Le colonel Chabert » (1943), il y a pour partenaire l’immense Raimu, alors son éphémère collègue au Français. Trois films signés Henri Calef semblent démontrer l’envie de s’imposer sur grand écran : simple barman dans « L’extravagante mission » (1945) ou lieutenant de l’armée républicaine dans « Les chouans » (1946), c’est surtout « Jéricho » (1945) qui lui permet de se faire remarquer en comte de Saint-Leu, digne aristocrate pris en otage par les allemands pour avoir entonné la Marseillaise en public. Pour Marcel Achard, il joue l’amoureux transi d’Hortense Schneider dans « La valse de Paris » (1949).

    Jacques Charon traverse le paysage cinématographique des années 50 et 60 comme par inadvertance. Il y eut bien sûr Pontagnac, le piètre héros d’un Feydeau à succès, « Le dindon » (1951), adapté par Claude Barma. Dans « Le bourgeois gentilhomme » (1958), il campe de façon drolatique le maître à danser. Passons par profits et pertes « Cœur-sur-mer » (1950), où il joue le prince de Turincasso, et retenons plutôt sa participation aux « Intrigantes » (1954) de Decoin ou aux « Affreux » (1959) de Marc Allégret. Il est maître d’hôtel dans deux films de Carlo Rim, « Escalier de service » (1954) et « Ce joli monde » (1957), avec une nuance pour ce dernier titre puisqu’il joue en fait La Tulipe, le bistro des truands reconverti afin de berner le naïf Darry-Cowl.

    Le meilleur film de cette époque reste de toute évidence « L’auberge rouge » (1951) : voyageur inconscient promis au funeste destin concocté par Carette et Françoise Rosay, il s’agite et rit, toujours précieux mais jamais ridicule. Jabot de dentelle et panache au chapeau en sus, le voilà colonel au temps de « Cartouche » (1961), cynique et réjoui à l’idée de perdre une centaine d’hommes au combat. Il enchaîne sous la gouverne de Michel Boisrond trois comédies légères : « Comment réussir en amour » (1962), « Comment trouvez-vous ma sœur ? » (1963) ou « Comment épouser un premier ministre » (1964). Devenu « une rondeur gaie », il y est promu chef de cabinet ou PDG.    

    Le triomphe sur les planches de « La puce à l’oreille » donne à Darryl Zanuck l’idée d’en proposer une adaptation cinématographique en anglais et d’en confier la mise en scène à Jacques Charon qui accepte sans se douter qu’il va se coltiner les caprices de la star Rex Harrison. Malgré un slogan aguicheur – « the very sexy movie with the very funny title » - le film est un échec. Charon redouble alors d’activité à la télévision où on le retrouve entouré d’une fine équipe - Robert Hirsch, Micheline Boudet ou Jean Piat - dans de belles versions de « Tartuffe » ou « Un fil à la patte ». Nommé doyen de la Comédie Française en 1972, il prend ce dernier rôle très à cœur sans tomber dans l’esprit de sérieux : la preuve, il chante, danse et joue des sketches loufoques dans les shows des Carpentier, « Top à… ». En 1975, sous le prétexte d’une crise cardiaque, la Faucheuse fait dans l’humour macabre et dit stop à… Jacques Charon. En guise d’épitaphe, retenons celle que lui réserva Jean-Claude Brialy : « Pour lui, le travail, le rire et l’amitié ne faisaient qu’un. » 

    Jean-Paul Briant

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    1 Commentaire

    Christian Souque

    Date : 21-04-2018 Heure : 09:34:16



    Jacques ! Tu m’as toujours ébloui, au plus profond, avant de savoir lire et bien plus encore aujourd’hui…T’écouter toi, c’est détester tous les autres. Quel grand risque ! Il faut être amnésique, faire abstraction sous peine que tout paraisse morne, monocorde, insipide… Il existe assurément d’excellents jeunes comédiens et mes olympes débordent, sont pleines à craquer et c’est vrai mais je me disais que l’on pourrait se piquer de théâtre, être assidus, appliqués, travailler dur, jamais ne pourrons effleurer l’ombre de la cheville de Jacques Charon ! J’ai bien écouté le texte, chaque mot et syllabes, observé, comme pour Stéphane Grappelli au violon, c’est la perfection, rien à redire, géniale interprétation ! Tu as usé ton cœur si vite à toujours donner, nous offrir les justes intonations, comme autant de trésors, l’expression conforme, art si difficile que ta diction des plus admirables donnait toujours l’impression fausse de facilité. Etoile merveilleuse aux amoureux des planches, tu t’es consumé pour notre bonheur. Honneur à toi, grand ami, grand maître, dieu du théâtre aux initiales parlantes, au nom d’artisan divin, grâce te soit conservée. Mon culte pour toi jamais ne pourra se tarir… Tout au contraire ! Non, mon Seigneur, cela ne se peut. Un ami d’Ella Fitzgerald a dit après sa mort, très sûr de lui, avec cet accent de vérité qui en impose, rend tout débat indécent : « Nous n’entendrons plus jamais cela…!» Il avait raison, je suis d’accord avec lui… Jacques ! Comme j’aime pour toujours, le dernier souffle, ton jeu. Grand ami ! Grand maître ! Honneur à toi !