Mona Dol | Naissance : 1901 Décès : 1990 | Partager cette page sur Facebook : | Commentaire |
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1934
L'école des contribuables
1935
Lucrèce Borgia
1938
Remontons les Champs-Élysées
1941
L'assassinat du Père Noël
1941
Caprices
1941
Madame Sans-Gêne
1942
Le voile bleu
1942
Marie-Martine
1943
Le voyageur de la toussaint
1945
Boule de suif
1946
Tombé du ciel
1946
Messieurs Ludovic
1947
Danger de mort
1948
Une si jolie petite plage
1948
Par la fenêtre
1949
Le parfum de la dame en noir
1949
Manèges
1955
Une fille épatante
1958
Le joueur
1958
En légitime défense
1963
Le feu follet
Mona DOL
Avec une cinquantaine de films à son actif, cette comédienne de second plan, très présente à l’écran tout au long des années 40, n’en a pas moins disparu de nos mémoires, d’autant que, l’homonymie aidant, il n’est pas rare de trouver son pseudo écrit avec deux « l » comme celui de la pulpeuse Dora Doll. Le « Dictionnaire des comédiens français disparus » d’Yvan Foucart nous apprend qu’elle débuta dans l’opérette et qu’on la vit chanter et danser sur la scène des Folies-Bergères. Au cinéma, qu’elle aborde en 1933, la trentaine révolue, ce ne sera pas vraiment son emploi…
Silhouette de second plan, elle paraît volontiers en servante – dotée d’un fort accent du Nord dans « L’école des contribuables » (1934) puis, plus sobrement, dans « La symphonie fantastique » (1941) - , en infirmière – elle remonte le moral de Gaby Morlay dans « Le voile bleu » (1942) - ou en religieuse dans « Marie-Martine » (1943) et « La symphonie pastorale » (1945). Epouse de l’horloger du village dans « L’assassinat du Père Noël » (1941) ou mère résignée d’Odette Joyeux dans « Messieurs Ludovic » (1945), on ne lui réserve pas toujours son compte de répliques ; ainsi elle n’est pas citée au générique de « Caprices » (1941) où elle tient brièvement le vestiaire et ne paraît que trente secondes dans « La cavalcade des heures » (1943) où, fantôme plein de reproches, elle demande à son noceur de mari pourquoi il l’a quittée. Toutefois, elle sait sortir son épingle du jeu lorsque l’occasion se présente : dans « Une si jolie petite plage » (1948), estivante qui s’ennuie en ménage, elle exaspère Gérard Philipe de ses bavardages ineptes avant qu’Yves Allégret ne lui laisse, ironiquement, le mot de la fin. Jean Anouilh n’est pas en reste dans « Deux sous de violettes » (1951) où il lui demande de croquer une bourgeoise snob qui se plaît à débiner son « amie » Jane Marken mais ne se rend pas compte que sa fille est une grue en puissance...
Très logiquement, elle se montre piquante dans le rôle d’une courtisane nommée la Vespa (la guêpe !) dans « Lucrèce Borgia » (1935) et participe à d’autres fresques costumées, « Remontons les Champs-Elysées » (1938) ou « Madame Sans-Gêne » (1942) - un film où elle porte le titre de baronne comme dans « Le joueur » (1958) d’Autant-Lara. Est-ce sa voix grave, son manque de coquetterie apparent ? On la préfère dans les personnages contemporains qui connaissent les réalités de la vie comme Jaja, l’hôtelière qui accueille « Le voyageur de la Toussaint » (1942) ou l’épouse d’un montagnard dans « Premier de cordée » (1943), deux films de Louis Daquin, cinéaste qui lui sera fidèle. Pour Christian-Jaque, elle porte, dans « Boule de suif » (1945), un surnom choisi par Maupassant (et non par Goscinny !) : si la Sœur Ran-Tan-Plan affiche la démarche virile de la religieuse qui a écumé les champs de bataille, elle n’hésite pas à partager le pique-nique d’une fille légère, contrairement aux hypocrites bourgeois qui l’accompagnent.
Après-guerre, elle se spécialise dans le doublage des films américains, prêtant son organe aux vieilles filles, aux commères ou aux femmes à poigne mais sa « voix » la plus fameuse reste sans conteste celle de Hattie McDaniel pour la VF d’« Autant en emporte le vent » : hélas, elle a beau s’évertuer à crier « Ma’me Sca’lett, Ma’me Sca’lett ! » tout au long du film, on ne distribue pas d’oscar du meilleur doublage. Alors qu’elle ne semble pas portée sur la gaudriole, on la découvre à cette époque dans des films plus légers : épouse sourcilleuse de Berval dans « Si ça peut vous faire plaisir » (1948), mère de Jean Richard dans « Le portrait de son père » (1953) ou directrice dans « Des quintuplés au pensionnat » (1952). On sent, dès 1950, que le cinéma ne lui importe guère, d’autant qu’elle partage alors la grande aventure du TNP et des débuts du Festival d’Avignon sous l’égide de Jean Vilar : on la voit dans « Ruy Blas » et « Le Prince de Hombourg » avec Gérard Philipe, dans « Macbeth » avec Maria Casarès. Plus tard, elle jouera Brecht ou Gorki à Chaillot sous la direction de Georges Wilson. Entre temps, elle aura participé à la création du « Dialogue des Carmélites » et, passant de la nonne à la sorcière, joué la servante rouée de « César et Cléopâtre » de G.B.Shaw avec Jean Marais.
En 1941, au Théâtre des Noctambules, elle créait avec succès, auprès d’Alain Cuny, « Le bout de la route » de Jean Giono ; sept ans plus tard, elle retrouvait au cinéma ce rôle fort de veuve autoritaire qui aurait pu imprimer durablement la mémoire des spectateurs ; hélas la mise en scène fut confiée à l’ineffable Emile Couzinet qui, entre autres idées de génie, remplaça Cuny par le ténor José Luccioni… La carrière cinématographique de Mona Dol s’achève au début des années 60 avec « Le feu follet » (1963) de Louis Malle – où elle prend soin de Maurice Ronet - et « Les aventures de Salavin » (1964) de Granier-Deferre – elle y joue la mère de Maurice Biraud - sans que cette incursion auprès d’une nouvelle génération de cinéastes ne débouche sur d’autres propositions.
Mona Dol fut la compagne du sculpteur René Collamarini qui réalisa en 1933 son buste en marbre, exposé au Salon des Indépendants. Mouloudji évoque le couple dans son livre de souvenirs et se rappelle avoir posé, pendant la guerre, en Apollon alors que Mona, sa partenaire chez Dullin, s’affichait en Diane chasseresse !
Jean-Paul Briant