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  • Armand Bernard

    Naissance : 1893
    Décès : 1968
     
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    Armand BERNARD

    S’il est un comédien qui peut se vanter d’aligner la plus incroyable collection de titres aberrants, c’est bien lui : pour ne citer que quelques fleurons, retenons « La Margoton du bataillon » (1933), « Flofloche » (1934), « Les mémoires de la vache Yolande » (1950), « Trois vieilles filles en folie » (1951) et « La bande à Bobo » (1963) ! Malheureusement la veine comique de ces œuvrettes se limitait le plus souvent à l’invention d’un titre loufoque. Pour « la grande sauterelle » - c’est ainsi qu’on nomme Armand Bernard dans « Compartiment de dames seules » - tout avait pourtant bien commencé et ce dès l’époque du muet. Demeure alors malgré tout le souvenir amusé de ses prestations cocasses des années vingt et trente sous la direction émérite de Raymond Bernard, Henri Diamant-Berger ou Christian-Jaque.

    Attiré par la carrière théâtrale, le jeune Armand se demande s’il ne serait pas plus raisonnable de devenir dentiste mais comme il manque s’évanouir en assistant à une extraction, il renonce vite à cette carrière lucrative. A vingt ans, il joue « Les femmes savantes » sur la scène du Théâtre des Arts. Grande tige à la voix grave et la mine placide, il se voit déjà célèbre tragédien. Il a déjà tourné trois films – dont « Le petit café » (1919) avec Max Linder – lorsque la chance se présente en 1921. Préparant « Les trois mousquetaires », Henri Diamant-Berger le recrute : « Pour Planchet, je choisis Armand Bernard, un tragédien dont l’emphase, les petits yeux et le visage de chèvre malicieuse m’ont toujours paru du dernier comique ; il est si vexé de se voir proposer un rôle de valet qu’il réclame un supplément de 500 francs ! » Quoi qu’il en soit, et malgré l’affection que nous portons à Bourvil et Jean Carmet, Armand Bernard est sans conteste le meilleur interprète de Planchet : son naturel, sa jeunesse, sa drôlerie, par exemple dans la scène du mal de mer, le rendent touchant. Il retrouve son personnage dans « Vingt ans après » (1922) et s’appelle tout bonnement Planchet au générique du film d’André Hugon, « Les deux pigeons » (1922). Le cinéma muet lui réserve encore de beaux rôles auprès de Dullin dans « Le miracle des loups » (1924) et « Le joueur d’échecs » (1926), deux réussites de Raymond Bernard, sans parler du « Napoléon » (1927) d’Abel Gance.

    Au début du parlant, dans « Paris la nuit » (1930), il chante « Passez la monnaie » en s’accompagnant à l’accordéon sur la scène du bar interlope tenu par Marcel Vallée ; les deux complices, qui jouaient les valets des mousquetaires dix ans plus tôt, se retrouvent aussitôt dans « Tumultes » (1931) avec à la clé un rôle de gangster bègue pour Armand Bernard. En réalité, c’est Pauley, autre rondeur des années 30, qui sera un temps son partenaire privilégié. Dans « L’école des contribuables » (1934), sans cesse houspillé par son beau-père contrôleur des contributions, Armand Bernard joue un fumiste invétéré qui se décide à enseigner l’art de tromper le fisc. Le rond et le maigre se retrouvent dans « La famille Pont-Biquet » (1935), « Œil-de-Lynx détective » (1936) et « Sacré Léonce » (1935) où, déniaisé par une certaine Tototte, Bernard passe allègrement du rat de laboratoire à la longue barbe broussailleuse au rôle improbable de tombeur de ces dames.

    Comparse comique de Marie Glory et Jean Murat dans « Dactylo » (1931) puis « Dactylo se marie » (1934), il obtient très vite le premier rôle dans « Tout s’arrange » (1931) ou « Monsieur de Pourceaugnac » (1932) sans parler du Professeur Demonio qu’il incarne dans « Le fakir du Grand-Hôtel » (1933). Même lorsqu’il passe « Une nuit de noces » (1935) en compagnie de Florelle, ses lunettes de bon élève et son visage allongé lui confèrent sur l’affiche un air sinistre que l’on retrouve pour « Compartiment de dames seules » (1934) où ce grand échalas croit épouser sa fille pour avoir vingt ans plus tôt séduit sa belle-mère. Lorsque l’on sait que celle-ci est interprétée par Alice Tissot, on comprend mieux son intention de lui offrir « un manteau en poil de belle-mère, euh… de chameau ! » Le sourire lui revient toutefois lorsqu’il joue les chanteurs de rues pour « Chansons de Paris » (1934). Les chansons de l’opérette filmée « La Margoton du Bataillon » lui valent d’ailleurs à l’époque un joli succès sur 78 tours dont un inénarrable « Miaou ! » 

    Les rôles de composition lui conviennent à merveille comme celui de Sosie, le valet pusillanime d’Amphitryon, dans « Les dieux s’amusent » (1935) ou Harry Blount, le détective anglais de « Michel Strogoff » (1935). Voleur à la tire reconverti en valet de chambre, il se met au service de Jules Berry dans « Le club des aristocrates » (1937). Fils mal aimé d’André Lefaur dans « Le veau gras » (1939), il cèderait bien au charme d’Elvire Popesco mais se résigne à vivre la vie sans histoire d’un petit pharmacien de province. Christian-Jaque, pour qui il aura tourné sept films, lui fait jouer Roger Drapeau, le patron malhonnête et surexcité de Fernandel, dans « Raphaël le tatoué » (1938) et M. Mazeau, le concierge du collège « extraordinairement angoissé », dans « Les disparus de Saint-Agil » (1938) ; preuve indéniable de popularité, son nom figure au-dessus du titre juste après ceux d’Erich von Stroheim et Michel Simon alors que sa participation au film reste limitée.

    Industriel hypocondriaque, il apprend dans « Le monde tremblera » (1939) qu’il va vivre centenaire. Hélas, ce film au titre prémonitoire annonçait les heures les plus sombres de la vie d’Armand Bernard : stigmatisé par l’exposition raciste « le Juif et la France », il est déchu de sa nationalité par Vichy et ne peut travailler pendant quatre ans. Son retour s’accomplira auprès de Raimu, un de des meilleurs amis, dans « Les gueux au Paradis » (1945) où il joue un croque-mort. Imprésario de Tino Rossi dans « Destins » (1946), il interprète Sansonnet, compagnon de rapine de « Mandrin » (1947), avant de retrouver la vedette pour un remake de « Bichon » (1947). Il s’essaie à un rôle sérieux dans « La femme que j’ai assassinée » (1948) où il joue le procureur de la république et – mine funèbre oblige - participe au sketch « une couronne mortuaire » de « Souvenirs perdus » (1950).

    Pourtant, tout au long des années cinquante, il semble qu’il s’afflige davantage à chaque prestation : sur une trentaine de titres, pas la moindre pépite, à l’exception peut-être de trois comédies menées par Sophie Desmarets. « L’île aux femmes nues » (1952), son centième film, permet de se faire une idée des aléas du métier de comédien : dans ce nanar, notre homme joue le pharmacien Darcepoil qui ne trouve d’autre moyen pour discréditer son rival en politique que de lui mettre dans les bras une chanteuse nommée Pataflan et de l’entraîner dans un camp de nudistes ! « Trois jours de bringue à Paris » (1953), pourtant adapté de « La cagnotte » de Labiche, ne lui réussit pas davantage, Couzinet oblige. « Le voyage de M. Perrichon » (1958), pièce du même auteur filmée pour la télévision par Stellio Lorenzi, sera plus réussi. Le théâtre lui apporte aussi quelques compensations, par exemple lorsque Jean Vilar le dirige sur la scène du TNP dans « Loin de Rueil », une comédie musicale de Maurice Jarre et Raymond Queneau, où, la mine toujours sinistre, il joue Des Cigales, le « seul poète méconnu » de son temps. Son dernier film date de 1963 mais on put encore l’apercevoir sur le petit écran dans « Les aventures de Monsieur Pickwick » (1964) ou « Le chevalier à la mode » (1967).  Histoire d’oublier les rôles alimentaires, on imagine volontiers qu’il se prenait à chanter avec philosophie ses succès d’antan, et de préférence « Je vois la vie en rose » - chanson extraite de « Dactylo » - plutôt que « J’ai le cafard », une chanson de « Calais-Douvres » (1931) !      

    Jean-Paul Briant

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