Henri Guisol | Naissance : 1904 Décès : 1994 | |
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1931
La chienne
1933
L'agonie des aigles
1935
Le crime de Monsieur Lange
1935
Le domino vert
1937
Vous n'avez rien à déclarer
1937
Drôle de drame
1937
Le messager
1938
La vierge folle
1939
La loi du nord
1940
Tempête
1941
Vénus aveugle
1942
L'assassin a peur la nuit
1946
Il suffit d'une fois
1948
Métier de fous
1949
Ces dames aux chapeaux verts
1950
Lady Paname
1953
La rafle est pour ce soir
1954
Le fil à la patte
1954
Théodora, impératrice de Byzance
1954
Un homme en or
1955
Lola Montes
1957
Les collégiennes
1958
Contes pour le petit écran
1958
Les cinq de...
Tableau de c...
1960
Meurtre en 45 tours
1962
Miss Mabel
1963
George et Margaret
1964
L'huître et la perle
1966
Le théâtre ...
L'homme qui...
1967
Salle n° 8
1969
Week-end
1970
George et Margaret
1971
Adieu mes quinze ans
1973
Les Messieurs de Saint-Roy
1973
Joseph Balsamo
1973
La porteuse de pain
1973
Le temps de vivre, le temps d'aimer
1974
L'illustre Maurin
1975
Marie-Antoinette
1975
La situation est grave... Mais pas déses...
1975
L'âge en fleur
1975
Le secret des dieux
1978
Ces merveilleuses pierres
Henri GUISOL
Son père, qui gérait des sociétés hôtelières, voyait en lui un futur banquier ou un architecte et s’inquiétait de son penchant pour les arts mais, ses études terminées, Henry Paul Bonhomme, qui vient d’obtenir un premier prix au conservatoire de Toulouse, monte à Paris où sa première audition est un désastre. Sans se décourager, il devient régisseur au Théâtre de l’Œuvre ; accessoirement, il joue les comédiens de complément : chez Dullin, il participe à la création du mythique « Volpone » sur la scène de l’Atelier.
A la même époque, il fait ses débuts à l’écran dans deux classiques signés Jean Renoir. On ne l’aperçoit que très brièvement en garçon de café dans « La chienne » (1931) mais son originalité émerge nettement dans « Le crime de Monsieur Lange » (1935) où il joue le fils Meunier, fantasque mécène de la coopérative. A partir de là, on ne cesse de le voir sur grand écran pour une bonne vingtaine d’années. Amant de Jany Holt dans « Le domino vert » (1935), il est remarqué en Coco de la Baule, le fiancé pique-assiette de « Vous n’avez rien à déclarer ? » (1936), et surtout dans « Les amants terribles » (1936), où il joue le mari de Gaby Morlay. Irrésistible Buffington dans « Drôle de drame » (1937), il enquête en dormant et chante « Dormez, dormez, petits pigeons » en duo avec Michel Simon. « Trois valses » (1938) lui permet de réaliser une prouesse puisqu’il traverse trois époques en vieillissant avec art et crédibilité. Il joue un petit rôle de greffier mélomane dans « Le roman de Werther » (1938) et le complice d’un escroc campé par Erich Von Stroheim dans « Tempête » (1939). Mauvais garçon dans « Macao, l’enfer du jeu » (1940), il paraît en médecin dans « Le monde tremblera » (1939) et « La loi du Nord » (1939), un film où il croise brièvement Marthe Alycia, qui devient son épouse. A la fin des années trente, Henri Guisol s’est affirmé comme un comédien de second plan fantaisiste, un « hurluberlu lunaire » selon la critique, mais pas encore comme un premier rôle : Abel Gance va se charger de la passe décisive. Si l’on peut encore prendre quelque plaisir à visionner « Vénus aveugle » (1940), c’est tout de même grâce à lui : marin ventriloque, clown raté, prestidigitateur à la manque, il déploie une belle énergie à dérider Viviane Romance. Reconnaissante, celle-ci le recrute pour deux films dont elle est productrice : il joue un rôle de souffleur asthmatique dans « Une femme dans la nuit » (1941) et, dans « La boîte aux rêves » (1943), un compositeur désargenté vivant en coloc avec des copains fauchés.
Cambrioleur du genre trouillard, il paraît en haut du générique de « L’assassin a peur la nuit » (1942) avant que « Madame et le mort » (1942) ne le mette pour la première fois en vedette : auprès de Renée Saint-Cyr, il joue Armand Le Noir, un romancier célèbre que tout le monde croit mort, contraint de se déguiser pour enquêter sur son propre assassinat. Dans « L’extravagante mission » (1945) dont il est le héros, on le retrouve en piteux état au début du film : look de clochard, tenté par le suicide, il accepte un rôle de riche excentrique qui embarque pour une croisière rocambolesque. Haut fonctionnaire et néanmoins cocu dans « Ainsi finit la nuit » (1948), il fait jeu égal avec le couple vedette. « Rendez-vous avec la chance » (1949) le présente en petit employé de bureau rêvant d’un ménage plus harmonieux. A l’inverse, dans « Métier de fous » (1948), comme il est trop heureux en amour, il ne trouve plus l’inspiration pour achever sa dernière pièce.
Une énième adaptation de « Ces dames aux chapeaux verts » (1948) lui donne l’occasion d’incarner avec finesse le timide professeur Ulysse Hyacinthe qui épouse finalement l’élue de son cœur malgré la crainte que lui inspire une redoutable Marguerite Pierry. Dans « Lady Paname » (1949), compositeur méconnu, il passe le plus clair du film à se disputer avec Suzy Delair mais son excellente interprétation passa presque inaperçue. Ce sera encore le cas pour ses deux derniers films en vedette : dans « Le clochard milliardaire » (1950), on le voit en noceur sommé de vivre la vie d’un clochard s’il veut faire un riche héritage ; dans « Le témoin de minuit » (1953), il redevient auteur de romans policiers mais cette fois c’est lui qui veut commettre le crime parfait en éliminant sa femme.
Sur les planches, son jeu subtil fait toujours merveille, entre autres lors d’une reprise de « La petite hutte » d’André Roussin en 1958 mais, au cinéma, il n’est déjà plus qu’un comparse de prestige auprès d’Edwige Feuillère dans « Les fruits de l’été » (1954), Suzy Delair dans « Un fil à la patte » (1954) ou Danielle Darrieux dans « Meurtre en 45 tours » (1959). Trois films en costumes lui réservent d’intéressantes prestations, et d’abord « Théodora, impératrice de Byzance » (1953), un beau péplum où il joue Jean de Cappadoce, ministre de l’empereur Justinien, qu’il trahit. Dans « Lola Montès » (1955), on le retrouve en cocher de Martine Carol, amoureux de Paulette Dubost en soubrette. Dans « Le comte de Monte Cristo » (1961) version Autant-Lara, il est méconnaissable sous la barbe de l’Abbé Faria, un rôle qui semble mettre un point final à sa carrière au cinéma.
Les cinéastes estampillés Nouvelle Vague ne se souvinrent pas que Henri Guisol avait joué sans démériter pour Renoir et Ophuls. Un peu amer, notre homme regrettait alors que le cinéma ne l’aime plus. Heureusement le théâtre continua à lui procurer les plus grandes joies. Au final, il revendiquait sa participation à 400 pièces, ni plus ni moins ! Quant à la télévision, il ne l’appréciait guère même s’il revint sur ses positions dans la dernière décennie de sa carrière : il paraît dans quelques feuilletons célèbres comme « Maurin des Maures » (1970), « La porteuse de pain » (1973) ou « Joseph Balsamo » (1973). Préfet de police ou baron déchu, il y semble toujours à son aise mais l’on se doit de mettre en exergue « L’homme qui a perdu son ombre » (1966) où il joue le Diable et « Mauregard » (1970) où on le suit de 40 à 100 ans en oncle Maxence farouchement attaché à la propriété familiale. Après cela était-il nécessaire de revenir fréquenter le grand écran pour constater que « La situation est grave… mais pas désespérée » (1976) ? Cette piètre galéjade sera pourtant son dernier film, le plus surprenant étant qu’il venait alors d’être dirigé sur la scène du TNP de Villeurbanne par Patrice Chéreau !
Jean-Paul Briant