Pierre Labry | Naissance : 1885 Décès : 1948 | Partager cette page sur Facebook : | Commentaire |
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1932
Coeur de lilas
1932
Les croix de bois
1932
Les gaietés de l'escadron
1933
Don Quichotte
1934
Le grand jeu
1935
La Kermesse héroïque
1935
Pension Mimosas
1937
Gueule d'amour
1937
L'alibi
1938
nouveau
Les otages
1938
La maison du maltais
1938
Mollenard
1938
Les disparus de Saint-Agil
1938
Entente cordiale
1938
Les cinq sous de Lavarède
1939
Le dernier tournant
1941
Montmartre sur Seine
1941
Caprices
1942
A vos ordres, Madame
1942
Le journal tombe à cinq heures
1943
Vautrin
1943
Au bonheur des dames
1943
Goupi mains rouges
1944
Sortilèges
1944
Le dernier sou
1945
Trente et quarante
1946
L'affaire du collier de la reine
1946
Les aventures de Casanova
1947
Histoire de chanter
1947
Fantômas
1947
Le chanteur inconnu
1948
Clochemerle
Pierre LABRY
Comédien bien oublié aujourd’hui, Pierre Labry fut le sympathique comparse d’une bonne centaine de films où il promena sa bonhomie placide, sa mine réjouie et sa bedaine avantageuse : ce n’est pas un hasard s’il se nomme Potiron dans « Les gaietés de l’escadron » (1932) ! Même s’il débute au cinéma en 1911 dans « Le Courrier de Lyon » d’Albert Capellani et tourne une dizaine de films muets, c’est au théâtre qu’on le retrouve plus fréquemment tout au long des années 20. Il participe à la création de « Ventôse » de Jacques Deval en 1927 ou celle de « Y’avait un prisonnier », l’une des premières pièces de Jean Anouilh, en 1935 ; Harry Baur le dirige sur les planches en 1932 dans « Il était une fois ».
A l’écran, les choses sérieuses commencent avec le parlant. Comme tous les comédiens recrutés par Raymond Bernard pour « Les croix de bois » (1931), il a participé à la Grande Guerre ; dans le rôle du soldat Bouffioux, sa rondeur va de pair avec sa pusillanimité : cible des autres troufions, ce gros plein de soupe se planque aux cuisines mais, soudain propulsé en première ligne, son air effaré exprime bien la bêtise hallucinante des guerres. « La kermesse héroïque » (1935) de Jacques Feyder reprend cette image de pleutre puisque c’est son discours alarmiste sur la cruauté des espagnols qui décide les bons bourgeois à laisser leurs épouses en première ligne. En version souriante, cela donne « Du haut en bas » (1933) où on ne sait trop s’il fréquente l’office pour les charmes de la cuisinière ou pour les petits plats qu’elle lui mitonne !
Les métiers manuels sont pour sa pomme : il sera ouvrier d’imprimerie dans « Gueule d’amour » (1938), mécanicien dans « A vos ordres, Madame » (1942), serrurier dans « Au Bonheur des Dames » (1943) ou cocher dans « La belle meunière » (1948). Le plus souvent, il se contente de tenir son troquet comme dans « Cœur de lilas » (1931) où il se vante de ne jamais avoir porté de cornes : il est vrai qu’il est maqué à la redoutable Madeleine Guitty ! Accessoirement, il verse un petit rouge à Jean Gabin ; plus tard, ce sera au tour de Raimu dans « Dernière jeunesse » (1939) ou d’Yves Montand dans « L’idole » (1947). Installé à « Montmartre sur Seine » (1941), il imite le cri des oiseaux, ce qui le conduit logiquement à admirer la goualante de la môme Piaf. Aubergiste bonasse de « Monsieur Grégoire s’évade » (1946), il s’associe sans vergogne à une bande de malfaiteurs dirigée par Aimé Clariond. C’était déjà le cas dans « Les disparus de Saint-Agil » (1938) où, kidnappeur bébête, il est ridiculisé par le petit Jean Claudio qui le décrit comme « une brute épaisse et illettrée ». De quoi donner l’idée à Christian-Jaque de le remettre à l’affiche de « Sortilèges » (1944) où il joue Gros-Guillaume, le père brutal de Madeleine Robinson.
Chef de bande dans « La maison du maltais » (1938), homme de confiance du terrible « Vautrin » (1943) ou de « Fantômas » (1947), il peut tout aussi bien jouer les inspecteurs de police dans « L’alibi » (1937) ou « Le dernier des six » (1941). Chez Guitry, il sera notaire mais la promotion n’est qu’apparente car le narrateur du « Roman d’un tricheur » (1936) le décrit comme un escroc doublé d’un bœuf ! Raymond Bernard le fait Baron de Maupré dans « Cavalcade d’amour » (1939) mais l’honneur est plus grand encore lorsque, simple coiffeur dans « Les otages » (1939), il côtoie les plus fameux seconds rôles de l’époque, Charpin, Larquey, Roquevert et Saturnin Fabre. Même les atours de grand seigneur du Moyen-Age ne le mettent pas à l’abri des moqueries : dans la célèbre scène du banquet des « Visiteurs du soir » (1942), il s’empiffre et éclate d’un rire vulgaire jusqu’à ce que Jules Berry l’arrête net en soulignant sa sottise : « Pourquoi riez-vous ? Vous riez et vous ne savez pas pourquoi vous riez ! » Sans doute le passage le plus connu de toute la filmographie de Pierre Labry, où les classiques ne manquent pas cependant, qu’ils soient signés Feyder, Abel Gance ou Jacques Becker. Cantinier dans « Le grand jeu » (1933), hôtelier dans « Pension Mimosas » (1934), comédien dans « Le capitaine Fracasse » (1942) ou menuisier dans « Goupi Mains Rouges » (1943), il sera recruté par de fameux cinéastes étrangers de passage en France : aubergiste pour le « Don Quichotte » (1932) de Pabst, aviateur chez Litvak pour « L’équipage » (1935), marin fidèle à son commandant dans « Mollenard » (1937) de Siodmak qui l’utilise encore de façon comique en danseur balourd au début de « Pièges » (1939). Ambitieux mais moins prestigieux, « Après Mein Kampf, mes crimes… » (1940) lui vaut la charge redoutable d’incarner Roehm, le fondateur des S.A. assassiné sur ordre d’Hitler.
Son dernier film a beau s’appeler « L’échafaud peut attendre » (1948), la Faucheuse ne sera pas très patiente puisqu’après avoir servi un dernier verre sur le zinc, Pierre Labry s’éteint en juin 1948, âgé de 62 ans seulement. Deux mois plus tôt, il jouait encore sur la scène du Théâtre des Ambassadeurs « Voyage à Washington », adapté de Garson Kanin par René Clair, dans une mise en scène de Henry Bernstein.
Jean-Paul Briant